Mon éditorial
J’avance dans la préparation du business plan pour l’entreprise FinTech que je viens de dénommer EneFin(consultez A project name has come to my mind: EneFin). J’avoue que j’hésite entre deux sentiers d’écriture de ce business plan. Le sentier rapide consiste à rétrécir aussi vite que possible le champ conceptuel, donc de formuler aussi vite l’idée de base, pour avancer dans son opérationnalisation. Le sentier lent serait plutôt de discuter exhaustivement plusieurs idées, genre plus scientifique. J’hésite car je veux que mon blog ait des valeurs éducatives pour les adeptes des sciences sociales, tout comme pour les sceptiques desdites sciences.
Je récapitule : dans la mesure où je veux éduquer en sciences sociales à travers la préparation d’un business plan, l’essentiel est de montrer comment bien faire un business plan. Dans ce cas, « bien » veut dire, entre autres, d’explorer à fond une idée d’entreprise comme elle fait surface. Je me dis que si je passe en revue toute la science possible à chaque fois qu’une telle idée émerge, j’explore mon propre savoir plutôt que l’idée en question. Alors, je décide : je choisis le sentier court. Voilà l’idée qui vient de venir à moi : EneFinservirait à organiser un marché financier pour mettre en contact les fournisseurs d’énergies renouvelables, les fournisseurs des technologies pour la production d’énergies renouvelables, les distributeurs et les consommateurs.
L’idée de départ consiste précisément à organiser le marché et c’est à cette fin que doit servir EneFin. Je concrétise. Lorsque nous signons un contrat de fourniture d’électricité, le fournisseur s’engage de mettre à notre disposition une certaine capacité en kilowatts pendant un certain temps, par exemple pendant 2 ans. Dans le marché de l’énergie, une année c’est 8760 heures (8784 pour des années bissextiles). Du point de vue d’un fournisseur d’électricité, le contrat qu’il a signé avec nous se traduit comme un engagement à fournir 8760 * capacité garantie = X kilowatt heures sur une année.
Maintenant, ce que je peux faire avec un contrat long-terme de ce type, entre autres, est sa titrisation : je transforme les obligations contractuelles en un ensemble de petites unités dont chacune reflète la structure du contrat entier et en même temps peut être sujette à un échange indépendant. Pas clair ? Je comprends. Disons que ma consommation annuelle d’électricité c’est 34 890 kWh par an, ce qui fait, en moyenne, 2 907,5 kWh par mois et c’est la base de la facture mensuelle que je paie. Maintenant ce que font plusieurs fournisseurs d’électricité, parmi eux Tauron polonais dont je suis client, est de prédire ma consommation sur 6 mois, sur la base de ma consommation passée, et de générer une série de 6 factures mensuelles, payables l’une après l’autre, chacune de même montant.
Point de vue mathématique économique, ce que fait mon fournisseur s’appelle lissage de consommation future. Mon fournisseur, Tauron, m’envoie une facture de €50, payable pour le mois de juin, avec un terme de paiement le 5 juillet. Cela veut dire une obligation mutuelle : moi, en acceptant la facture je m’engage à payer €50 jusqu’au 5 juillet et Tauron s’engage à me fournir, durant le mois de juin, la quantité d’électricité qui correspond à ces €50 au prix convenu dans le contrat long-terme.
Cette facture pour le mois de juin est donc un contrat obligataire et en tant que tel peut être décomposée en des obligations composantes du contrat, qui sont :
>> l’obligation du client : celle de payer €50 pour le bénéfice de Tauron, pas plus tard que le 5 juillet
>> l’obligation de la part de Tauron : fournir X kilowatt heures d’électricité durant le mois de juin ; avec à peu près 0,10€ par kWh en moyenne, cela fait X = €50/€0,10 = 500 kWh
Chacune de ces deux obligations composantes possède une valeur économique, c’est-à-dire elle correspond à une certaine utilité et cette utilité peut être valorisée sur le marché correspondant, donc d’avoir un prix de marché. L’utilité contenue dans l’obligation du client est la quasi-certitude que ce client paiera €50 pas plus tard que le 5 juillet. Je peux maintenant détacher cette obligation du reste du contrat et en faire une créance de €50, à mon dépens, abstraite de tout contexte contractuel. Je peux donc transformer cette obligation en ce qu’on appelle une traite ou un billet de change.
L’obligation du fournisseur est plus complexe. D’une part c’est une obligation matérielle de fournir les 500 kWh sur le mois de juin et d’autre part c’est une obligation financière de les fournir à un prix unitaire de €0,10 durant le même mois. L’utilité économique de la première est celle d’avoir accès garanti aux 500 kWh pendant la période correspondante, pendant que la seconde offre l’utilité économique de prix garanti fixe. L’obligation du fournisseur est donc divisible en une utilité matérielle et une utilité financière. En principe, les deux obligations peuvent être abstraites du contexte contractuel long-terme et transformées en des créances commerciales.
C’est ainsi que, mine de rien, ma petite facture mensuelle d’électricité peut se transformer en trois créances abstraites : a) une traite de €50 payable par le client b) une garantie d’accès physique à 500 kilowatt heures d’électricité durant le mois de juin c) une garantie de prix €0,10 par kilowatt heure dans la fourniture de 500 kWh durant le mois de juin. Pour que le processus de titrisation soit complet, ces créances doivent être liquides, c’est-à-dire il doit être possible de les faire circuler par le moyen de vente et achat.
Quant à la traite de €50, mon fournisseur, Tauron, théoriquement peut la vendre tout de suite à une tierce partie, seulement ça ne se fait pas, en général. Les coutumes commerciales sont telles qu’une obligation client ça se cède sous forme de traite seulement lorsque ledit client est en défaut de paiement ou bien un tel défaut est hautement probable. Tant que je paie bien gentiment mes factures courantes, mon fournisseur peut vendre mon obligation future seulement avec mon consentement explicite. Ça s’appelle alors une cession.
Alors, si ma fonctionnalité EneFinaurait dans son cadre un marché en créances financières de la part des fournisseurs, ça pourrait prendre la forme de deux ensembles des traites issues des factures d’électricité : le premier contient des traites issues des factures en défautde paiement et le deuxième couvre les traites issues par la suite d’un consentement des clients en situation régulière. Le premier est un marché classique de la dette, pendant que le deuxième crée des possibilités intéressantes pour les nouveaux fournisseurs. Ceux-ci peuvent carrément racheter, des mains des fournisseurs établis, le pouvoir d’achat des consommateurs. Ceci crée de la liquidité nouvelle dans le marché.
En parallèle, il y a un autre marché(ensemble), celui des garanties de fourniture physique d’électricité(c’est cette partie matérielle de l’obligation fournisseur). C’est le marché de l’énergie strictement dite. Bien sûr, ce marché spécifique fonctionne seulement en couplage avec un réseau intelligent de distribution d’énergie. Si je vends à quelqu’un la garantie d’accès mensuel à 500 kWh, cette personne doit être capable de réaliser cette créance, donc de demander au fournisseur de transférer réellement et physiquement ces 500 kWh sur leur compteur. Cette fonctionnalité particulière de mon projet EneFinserait donc associée, en principe, avec des réseaux intelligents.
Quoi que, quand j’y pense… Il se peut que l’intelligence (du réseau) soit moins impérative que ça en a l’air. Je pense à cette idée développée par les gars de chez WePower : les développeurs d’installations basées sur les énergies renouvelables peuvent vendre de l’énergie future de leurs installations en voie de construction et de cette façon se donner de la liquidité. En fait, c’est un truc utilisé depuis des siècles dans l’agriculture : lorsqu’on produit quelque chose qui prend beaucoup de temps à croître, on peut vendre aujourd’hui le droit d’acquérir le produit futur. De nos jours, ça marche à merveille dans le marché du café, par exemple. Lorsque vous avez assez de liquide pour acheter les grains de café qui viendront avec la récolte prochaine (dans six mois) et non pas la récolte présente, vous pouvez économiser jusqu’à 40% sur le prix de négoce, par exemple à la bourse de San Francisco.
Alors, pour revenir du café à San Francisco vers le sujet de base, il est possible d’organiser un marché des garanties de fourniture physique de l’énergie future. « Future » peut vouloir dire tout un tas de choses : en commençant par dans les sept mois jusqu’à des délais mesurés en années entières. Le marché en question devrait donner, par son fonctionnement-même, la réponse précise à la question quelle peut être la dimension pratique de l’énergie future.
En ce qui concerne le fonctionnement de ce marché, il y a relativement le plus de ressources accessibles. Ici, je présente juste une revue rapide. Alors, vous avec ce qu’écrit la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) au sujet du marché de détail en électricitéainsi qu’en ce qui concerne le marché de gros . Il y a aussi des trucs intéressants sur le site d’une organisation surnommée ENGIEainsi que chez Epex Spot. J’ai aussi ramassé quelques articles de l’Internet. Vous avez donc une analyse d’appréciation dynamique dans le marché de l’énergie, par Ahmad Faruqui, Ryan Hledik, et John Tsoukalis. J’ai aussi trouvé un article intéressant sur les concepts de base dans l’analyse économique des réseaux intelligents de distribution d’énergie, par Wolfgang Ketter, John Collins, et Carsten Block.
Eh bien voilà que j’en viens au dernier marché possible à développer à partir d’une facture d’électricité : celui des garanties de prix fixe par 1 kWh. Les garanties de ce type ont leur nom dans la finance : ce sont des options. Le quatrième marché est donc celui des options sur le prix d’électricité. Ainsi, le premier morceau de mon projet EneFinprend un peu de forme et c’est la forme de trois marchés : a) celui des créances financières, celles en défaut ainsi des futures, de la part des fournisseurs b) celui de l’énergie strictement dite, donc le marché des garanties de fourniture physique et finalement c) le marché d’options sur le prix d’électricité.
Bon, maintenant la question s’impose : comment organiser un business FinTech dans ces trois marchés. J’ai deux modèles d’entreprise(consultez Plus ou moins les facteurs associéspour plus de détails). Le premier est le commerce ou le courtage en titres, à travers une utilité FinTech propre. C’est le modèle appliqué chez Square Inc.. Il semble que ça donne l’opportunité de croissance rapide en termes de chiffre d’affaires et de capitalisation, mais la rentabilité reste problématique. Le deuxième est le développement et la fourniture de la plateforme technologique-même pour organiser les transactions : c’est le modèle que j’avais observé chez FinTech Group AGainsi que chez Katipult. Au départ, j’assume que les deux modèles sont viables, d’une façon ou d’une autre et j’imagine trois sources de marge brute pour le projet EneFin :
>> la marge transactionnelledu commerce/courtage en créances, garanties de fourniture et options sur le prix
>> les paiements du type « abonnement »à titre d’accès des clients à une plateforme technologique d’échange propre d’EneFin
>> la marge brute sur le développement et l’exploitation conjointed’une telle plateforme technologique avec une organisation déjà établie dans le marché
Je continue à vous fournir de la bonne science, presque neuve, juste un peu cabossée dans le processus de conception. Je vous rappelle que vous pouvez télécharger le business plan du projet BeFund(aussi accessible en version anglaise). Je veux utiliser le financement participatif pour me donner une assise financière dans cet effort. Vous pouvez soutenir financièrement ma recherche, selon votre meilleur jugement, à travers mon compte PayPal. Vous pouvez aussi vous enregistrer comme mon patron sur mon compte Patreon. Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon travail ?
4 thoughts on “Les marchés possibles à développer à partir d’une facture d’électricité”