Mon éditorial
Ça y est. Je pense que j’ai trouvé le concept central d’entreprise pour mon projet EneFin. Le voilà. Le contexte économique c’est la différence entre deux catégories des prix de détail dans le marché de l’électricité : les prix type « ménage », plus élevé, et le prix « professionnel », plus bas. J’avais déjà donné un aperçu de ces différences, dans certains pays européens, dans « Je recalcule ça en épisodes de chargement des smartphones » ainsi que dans « A first approach on the financial side ». Les deux catégories des prix sont celles pour les consommateurs finaux et néanmoins la différence entre elles est tellement significative que c’est presque comme si le prix pour les consommateurs institutionnels était un prix de gros dans une chaîne de valeur ajoutée. Le truc, c’est qu’il n’y a pas vraiment de valeur ajoutée entre ces deux prix. Leur fourchette a sa source uniquement dans la différence du pouvoir de négociation entre les deux catégories d’acheteurs.
Imaginons un contrat complexe, où le consommateur individuel achète de l’énergie en payant le prix « ménager » ordinaire, mais ce prix lui achète deux choses : de l’énergie payée au prix « institutionnel » ainsi que quelque chose d’autre, pour l’équivalent de fourchette entre le prix « ménager » et le prix « institutionnel ». Mathématiquement, avec les prix de mon pays, la Pologne, ça se présente comme €0,15 de prix « ménager » que je paie pour chaque kilowatt heure et ce €0,15 m’achète la kilowatt heure en question, strictement dite, au prix « institutionnel », donc €0,09, plus quelque chose d’autre pour l’équivalent de €0,15 – €0,09 = €0,06. Ce quelque chose d’autre ferait bien d’être logiquement lié à la consommation d’énergie. Suivant les écrits de l’un des pères fondateurs de ma discipline scientifique, Jean Baptiste Say, ce qui est étroitement lié à la consommation, c’est la production.
Ce que j’achète pour ce surplus de €0,15 – €0,09 = €0,06 pourraient donc être des (petits) titres de participation dans le bilan d’un fournisseur d’énergie, soit dans le capital social soit dans la dette d’entreprise. Mon petit €0,06 que je paie avec l’achat de chaque kilowatt heure peut donc être converti en une action ou bien une obligation d’un fournisseur d’énergie. Alors voilà que, tout à fait par hasard, un nouvel entrepreneur dans le voisinage construit une installation génératrice d’électricité, de petite ou moyenne capacité, à la base d’énergies renouvelables : photovoltaïque, hydraulique, peut-être de l’éolien (ce dernier type d’énergie est difficile à tailler en petit, pour autant que je sache). Moi, comme consommateur, je suis intéressé dans le développement de telles sources d’énergie renouvelable dans mon environnement, donc moi et le nouvel entrepreneur, on négocie.
Moi, comme Polonais moyen, je consume environ 5 010,27 kWh par an en termes d’usage strictement ménager. Enfin, au total, je consomme plus, plutôt comme 28 961,10 kWh par an, mais le reste, c’est-à-dire 28 961,10 – 5 010,27 = 23 950,83 kWh par an, je les consomme dans le transport et sous forme d’énergie immobilisée dans les biens et services. Ce que je peux apporter à la table de négociation avec ce fournisseur d’énergie en voie de construction ce sont mes 5 010,27 kWh bien à moi, par an. En prix d’électricité type « ménager », ces 5 010,27 kWh bien à moi valent 5 010,27 kWh * €0,15 = €751,54.
Voilà que moi et le fournisseur nouvel de l’énergie, on négocie l’accord suivant. J’achète de lui un paquet de 5010 contrats à terme, chacun correspondant à 1 kilowatt heure d’énergie à être fournie dans l’avenir (c’est le trait caractéristique des contrats à terme). J’en passe sur le 0,27 kWh par an, pas de quoi faire un fromage. Je paie pour chacun de ces contrats le prix que je paierais pour l’électricité « ménagère », donc €0,15 * 5010 = €751,50 et ces €751,50 m’achètent de l’électricité future pour un prix unitaire de €0,09 par une kilowatt heure, soit €450,90 pour ma consommation annuelle, ainsi que des titres de participation dans le bilan de ce fournisseur, pour l’équivalent de €0,15 – €0,09 = €0,06 par kWh, donc pour €0,06*5010 = €300,60.
En me pourvoyant en ce paquet des contrats à terme, je m’assure, premièrement, la fourniture future d’électricité pour un prix fixe très avantageux pour un consommateur individuel et deuxièmement, j’acquiers une parcelle de capital investi dans le fournisseur d’énergie. Quel que soient mes titres de participation dans son bilan – actions ou obligations – l’argent que je paie pour l’énergie strictement dite, donc les €0,15 – €0,09 = €450,90, ça contribue à assurer un retour sur mes €0,06*5010 = €300,60 investis dans le bilan. Le fournisseur d’énergie sur sa piste d’envol, quant à lui, vient de me vendre de l’énergie future pour du pognon payé aujourd’hui (toujours avantageux), il a fait une affaire décente puisqu’il vient de vendre à un prix qu’il pourrait obtenir en pourvoyant, par exemple, un large centre commercial, et en plus, il vient d’acquérir du capital liquide pour son investissement.
Somme toute, ça à tout l’air d’une situation « win – win » et en même temps, c’est un schéma coopératif. Lorsque l’acheteur des biens acquiert les bien en question et en même temps la participation dans le bilan de leur fournisseur, c’est une structure coopérative. Les avantages sont ceux d’une coopérative : les clients sont en même temps des investisseurs de leur fournisseur, donc ils ont tout intérêt à lui rester fidèles et en même temps ils ont un contrôle poussé sur son activité. Voilà pourquoi j’ai donné à ce concept d’entreprise le nom de Coop EneFin.
C’est un schéma coopératif mais pas uniquement coopératif. La formule des contrats à terme combinés avec les participations dans le bilan peut acquérir de l’énergie, pour ainsi dire, si nous créons un marché pour l’échange libre de ces contrats. De cette façon je transforme ces contrats en des titres financiers et par ce moyen je donne à Coop EneFinl’élégance légère d’une société par actions combinée avec un marché financier ouvert. Puisqu’on parle du loup et le loup c’est le marché, il est prudent de mesurer la taille du loup, juste en cas je voudrais le coucher dans le lit de la grand-mère du Petit Chaperon Rouge. En utilisant mes données sur les prix d’électricité dans certains pays européens (consultez « Je recalcule ça en épisodes de chargement des smartphones » et « A first approach on the financial side »), je calcule la valeur du marché créé sur la base de demande d’électricité de la part d’une population de 180 000 ménages urbains. Je rappelle que ces 180 000 c’est une fraction hypothétique de 12% des consommateurs innovants dans une ville de taille respectable, soit de 1 500 000 d’habitants.
Tableau 1, ci-dessous, présente mes calculs de la taille du loup, donc des trois variables agrégées : a) la valeur marchande d’électricité vendue aux 180 000 ménages, au tarif pour les clients institutionnelsb) la valeur comptable du capital possible à collecter des 180 000 ménages, sur la base du résiduel « prix pour consommateurs institutionnels – prix pour les ménages » c) la capacité électrique requise pour 180 000 ménages, kWh. En plus, j’ai déniché (provisoirement), une règle comptable qui dit que j’ai besoin de €2445 d’investissement en capital physique pour chaque kilowatt de capacité électrique dans une turbine hydraulique[1]. Ceci veut dire que le capital possible à collecter à travers mon schéma de Coop EneFinpourrait financer 40 – 41% de l’investissement physique.
Tableau 1
Pays | Valeur marchande d’électricité vendue aux 180 000 ménages, au tarif pour les clients institutionnels | Valeur comptable du capital possible à collecter des 180 000 ménages, sur la base du résiduel « prix pour consommateurs institutionnels – prix pour les ménages » | Capacité électrique requise pour 180 000 ménages, kWh |
Autriche | € 124 004 599 | € 151 561 177 | 157 286 |
Suisse | € 109 957 128 | € 93 725 694 | 122 376 |
République Tchèque | € 97 855 221 | € 97 855 221 | 159 581 |
Allemagne | € 207 383 524 | € 276 511 365 | 157 826 |
Espagne | € 102 435 544 | € 111 747 866 | 106 305 |
Estonie | € 136 026 400 | € 45 342 133 | 172 535 |
Finlande | € 150 197 511 | € 193 111 086 | 244 940 |
France | € 133 557 336 | € 93 490 136 | 152 463 |
Royaume Uni | € 130 129 746 | € 50 049 902 | 114 269 |
Hollande | € 122 642 524 | € 122 642 524 | 175 004 |
Norvège | € 147 436 962 | € 210 624 231 | 240 439 |
Pologne | € 81 166 381 | € 54 110 920 | 102 951 |
Portugal | € 92 640 729 | € 84 920 668 | 88 129 |
Toujours ça de gagné. Encore, il faut que je prenne la peau du loup, puisque Coop EneFinest censé être une entreprise à profit. Je suppose que 10% de commission sur la valeur totale des transactions faites sur la plateforme technologique correspondante est une assomption raisonnable, à partir de laquelle je peux formuler une analyse financière plus fine.
La morale de ce conte de fées est – une fois de plus – le principe de base que je répète à mes étudiants : commencez toute étude de marché par étudier les prix, car les prix vous informent sur la structure dudit marché et sur les bonnes affaires que vous pouvez y faire. Allez les enfants, papy Krzysztof a fini de raconter ses contes des fées, pour aujourd’hui.
Je continue à vous fournir de la bonne science, presque neuve, juste un peu cabossée dans le processus de conception. Je vous rappelle que vous pouvez télécharger le business plan du projet BeFund(aussi accessible en version anglaise). Je veux utiliser le financement participatif pour me donner une assise financière dans cet effort. Vous pouvez soutenir financièrement ma recherche, selon votre meilleur jugement, à travers mon compte PayPal. Vous pouvez aussi vous enregistrer comme mon patron sur mon compte Patreon. Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon travail ?
[1]https://www.quora.com/What-is-the-cost-of-setting-up-of-a-1-Mw-hydro-power-plantdernier accès 23 Avril 2018