Ça semble tenir le coup. Ça promet.

Mon éditorial

C’était en écrivant ma dernière mise à jour en anglais (And so I ventured myself into the realm of what people think they can do ) que je m’étais rendu compte quel genre de business je veux créer en connexion avec les villes intelligentes : c’est un centre expérimental que je veux mettre en place. Je le vois comme une sorte d’usine à science, une science bien fraîche et bien compétitive, concentrée sur l’étude expérimentale de tout ce qui touche au changement social en présence des technologies intelligentes, donc celles qui ont la capacité d’apprendre quelque chose au sujet de leur environnement.

Comme je rumine cette idée, je me rends compte que les sciences sociales – en en particulier ma discipline mère, c’est-à-dire l’économie – ressemblent très largement à la physique quantique. Il y a quelque chose qui se passe, nous ne savons pas à 100% qu’est-ce qui se passe, puisque nous sommes à l’intérieur de ce qui se passe, mais nous avons appris à mesurer empiriquement certaines quantités et à formuler des conclusions pratiques sur la base de ces observations. Le Produit Intérieur Brut, tenez celui-là, par exemple : impossible de le voir, le toucher, d’en avoir un genre quelconque d’expérience directe. Même si j’apprivoise cette bête étrange un peu et je la présente comme Produit Intérieur Brut par tête d’habitant, ça ne reflète toujours pas l’expérience personnelle d’une personne donnée. C’est que nous expérimentons tous les jours c’est plutôt le revenu disponible net en combinaison avec la liquidité locale du patrimoine personnel. Néanmoins, lorsque le PIB par tête d’habitant change significativement, il y a des fortes chances pour que ma situation personnelle change aussi.

C’est que je veux créer est l’équivalent social d’un accélérateur de particules, celui des particules élémentaires du comportement humain : la décision, l’apprentissage, l’adaptation à un environnement nouveau. Tout comme un accélérateur de particules, mon centre expérimental pourrait découvrir des particules comportementales nouvelles. Tenez, peut-être bien que ce que nous percevons aujourd’hui comme conflit, hiérarchie et apprentissage, donc comme trois phénomènes distincts, sont en fait des conglomérats locaux spécifiques d’un même genre de particule comportementale, une espèce que nous ne savons pas encore définir.

Je parle d’un business plan pour créer ce centre expérimental, donc il est temps de penser en des termes adéquats. J’ai envie de suivre la logique d’Adam Smith et de son traité sur la richesse des nations. Allez-y, cliquez sur ce lien hypertexte : vous allez voir qu’Adam Smith, tout en n’ayant jamais d’expérience directe et personnelle du commerce, avait dressé, dans son livre, un sentier intellectuel très solide pour bâtir in business plan. Livre I, Chapitre I, donc : la division du travail. Mon centre expérimental va faire un boulot que d’autres entités font déjà, mais d’une façon plus efficace qu’elles. Ces « autres entités » sont les entreprises qui participent dans la chaîne de valeur des technologies intelligentes, en particulier des entreprises informatiques ainsi que celles qui produisent de l’électronique. C’est une liste ouverte : une société de bâtiment qui s’engage dans la construction des structures architectoniques intelligentes pourrait être intéressée.

Qu’est-ce que ce travail que ces entreprises font déjà et que mon centre expérimental pourrait faire mieux et moins cher ? C’est le travail d’adaptation à un ensemble des comportements humains et ceci sur deux plans : le comportement de leurs utilisateurs, ainsi que l’interaction entre celui-ci et le comportement de leurs propres ingénieurs. J’avais déjà développé quelques idées à ce dernier propos : consultez, par exemple, Une boucle de rétroaction qui reviendra relativement pas cher ainsi que There are many ways of having fun with that experiment . La logique est similaire à celle de la grande industrie où les entreprises manufacturières peuvent bénéficier d’expérimentation avec des technologies de production. De la même façon, une société d’informatique peut bénéficier des résultats d’expérimentation sur l’interaction entre les ingénieurs et les utilisateurs : leur usine c’est la création des solutions digitales dans le cadre de cette interaction.

Mon centre expérimental vendrait deux types de produits : a) les résultats d’expérimentation en tant que tels, donc de la science bien fraîche, ainsi que b) l’accès, sur demande, à un environnement expérimental prêt à donner de l’appui et de la vitesse à d’importe quelle expérience de son champ de recherche. La valeur ajoutée du travail effectué par les chercheurs et les ingénieurs dans mon centre serait celui de recherche serait l’excellence dans la recherche expérimentale ainsi que dans l’aménagement rapide et efficace d’environnements expérimentaux.

Toujours suivant la logique d’Adam Smith, la valeur du marché de mon produit correspond à la quantité de travail propre que mon produit économise à son acheteur. La valeur de mes résultats d’expérimentation est basée sur la valeur économique de l’expérimentation propre de mes clients. Premièrement, donc, mes résultats peuvent être un substitut de leur propre recherche et développement, quoi que là, je suis sceptique : toute entreprise respectable dans le secteur de haute technologie tient à avoir ses propres projets de recherche, largement tenus en secret. Par contre, ce qui pourrait marcher, c’est vendre des résultats d’expérimentation behavioriste avec les technologies intelligentes à des sociétés relativement petites ou peu engagées dans la recherche, qui ne peuvent pas s’offrir leur propre infrastructure de recherche. Disons que mon client potentiel est une société d’informatique de taille moyenne qui développe des logiciels FinTech. Je leur offre un paquet de savoir expérimental qui dit qu’après avoir lancé une utilité nouvelle de paiement en ligne ils vont faire face à quatre schémas d’apprentissage les plus probables sur la part des utilisateurs, est le processus d’apprentissage qui en résulte requerra, sur la part de cette société, de modifier leur logiciel dans un cycle de X semaines et dans ce processus d’innovation cyclique ils devront prendre en considération les schémas les plus probables d’interaction « ingénieur <> utilisateur » décrits dans notre paquet de savoir etc.

En ce qui concerne la valeur ajoutée d’aménagement du travail expérimental, je suis toujours la logique de division de travail, comme décrite par Adam Smith. Si j’organise soixante environnement expérimentaux par an, j’acquiers des compétences spécifiques, basées sur l’expérience dans l’organisation d’expériences.

La valeur économique d’un tel paquet de savoir expérimental serait l’équivalent de la valeur monnayable d’erreurs et de retards dans le développement et le marketing des solutions correspondantes. Côté finance, on peut retrouver cette valeur monnayable comme, par exemple, une prolongation du temps de paiement des factures-client. Dans les secteurs de services exécutées sur la base d’un contrat spécifique avec le client (informatique, bâtiment etc.), il vient un moment délicat lorsque les termes dudit contrat sont formellement remplis (le travail contracté est terminé) et néanmoins il y a tous ces petits « mais » et ces « ça ne fonctionne pas tout à fait comme espéré », qui créent une sorte de brouillard contractuel : est-ce que le client devrait payer maintenant ou pas ? Les régulations fiscales obligent un fournisseur à émettre une facture à un moment donné, même si le client n’est pas tout à fait satisfait. C’est alors que ces « petits » délais de paiement commencent. Bref, le temps qu’un client met à payer, dans le secteur informatique, dépend largement sur la qualité de coopération avec le fournisseur. Cette qualité est inversement proportionnelle à la nécessité d’apprendre par essai et erreur durant l’exécution du contrat. En offrant à un fournisseur des solutions informatiques un paquet de savoir expérimental comme je viens de le décrire, je peux lui aider à réduire les délais de paiement avec ses clients.

Bon, mon singe curieux interne essaie de se faire une idée empirique de tout ça. J’ai un ami qui est en train de faire de la recherche pour sa thèse de doctorat en management et qui m’a gracieusement donné accès à ses données. Il avait étudié, entre autres, une société informatique polonaise – le groupe Asseco Polska – et il m’a refilé quelques chiffres. Merci, Miron ! Vous pouvez voir ces chiffres dans Tableau 1, ci-dessous. Je jette un coup d’œil et je vois que leur cycle de paiement des factures-clients est passé de 82,79 jours en 2011 à 101,65 jours en 2016. Maintenant, j’imagine que mon centre expérimental pourrait apporter à un client tel qu’Asseco le savoir-faire suffisant pour réduire le cycle de paiement à 60 jours. En 2016, ça ferait un peu plus de 900 millions de zlotys polonais en termes de capital investi dans les actifs circulants. Pas mal, pas mal du tout, à condition d’être réalisable.

Bon, j’avance. Je passe au second chapitre dans le premier livre du traité d’Adam Smith : le principe de la croissance du marché. La division de travail peut effectivement prendre lieu en présence d’un marché en croissance. Le marché en question est celui de l’innovation technologique : les technologies intelligentes changent de plus en plus vite. Plus vite elles changent, plus de valeur monnayable est à trouver dans un environnement expérimental bien rôdé. Les dépenses en recherche et développement, de leur côté, montrent une tendance croissante, selon la Banque Mondiale. Intuitivement, je pense que cette catégorie de dépenses est une mesure plus ou moins directe de la taille du marché pour mon centre expérimental.

Ça semble tenir le coup pour le moment, mon idée. Ça promet.

Je continue à vous fournir de la bonne science, presque neuve, juste un peu cabossée dans le processus de conception. Je veux utiliser le financement participatif pour me donner une assise financière dans cet effort. Voici le lien hypertexte de mon compte sur Patreon . Si vous vous sentez prêt à cofinancer mon projet, vous pouvez vous enregistrer comme mon patron. Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon travail ?

Tableau 1 – Données financières du groupe Asseco Polska

 Chiffres consolidés en millions de PLN (zloty polonais)
 Année 2011  Année 2012  Année 2013  Année 2014  Année 2015  Année 2016
Revenu (ventes)  4 960,00  5 529,10  5 780,00  6 231,90  7 256,20  7 932,00
Frais directs  3 560,60  4 053,40  4 353,10  4 712,10  5 507,10  6 065,50
Marge brute  1 399,40  1 475,70  1 426,90  1 519,80  1 749,10  1 866,50
Frais indirects : généraux et administratifs  749,20  833,80  810,50  870,90  995,20  1 101,70
Autres revenus d’exploitation  17,00  18,50  26,00  32,20  38,30  61,20
Autres frais d’exploitation  22,60  10,50  43,90  44,40  47,50  56,60
Bénéfice opérationnel  644,60  649,90  598,50  636,70  744,70  769,40
Frais financiers  87,50  75,40  77,50  70,90  85,80  98,30
Revenus financiers  157,10  88,20  36,40  82,30  81,20  48,80
Bénéfice brut avant impôt  714,20  662,70  557,40  648,10  740,10  719,90
Bénéfice net après impôt  397,10  370,10  306,40  358,40  366,50  301,30
Actifs – total  9 483,80  9 602,40  9 968,50  10 679,60  12 052,10  12 791,20
Créances d’exploitation  1 125,00  1 182,20  1 238,60  1 326,70  2 099,00  2 209,00
Goodwill  4 606,00  4 905,00  5 035,80  5 206,60  5 548,30  5 978,50
Espèces  974,80  959,90  968,60  1 223,80  1 599,70  1 502,60
Actifs fixes  6 611,60  6 971,80  6 989,10  7 238,30  7 800,40  8 459,40
Fonds propres  7 052,90  7 224,60  7 424,60  7 973,40  8 342,90  8 670,60
Dettes opérationnelles  367,10  359,10  436,50  416,70  844,50  817,50
Dettes financières  2 063,80  2 018,70  2 107,40  2 289,50  2 864,70  3 303,10

Source : https://inwestor.asseco.com/en/ dernier accès 20 Février 2018