De la misère, quoi

 

Mon éditorial sur You Tube

 

Je reviens vers ma recherche sur le marché d’énergie et – pour la n-ième fois – j’essaie de formaliser de façon scientifiquement rigoureuse mon concept EneFin, donc celui de solution financière pour promouvoir le développement d’énergies renouvelables. L’année dernière, j’avais déjà beaucoup tourné autour du sujet et il y a un je ne sais quoi d’obscur, là. Quelque chose qui me bloque intellectuellement. Vous pouvez consulter, par exemple, « Alois in the middle » pour en savoir plus sur mes contorsions conceptuelles à ce sujet.

Alors, une approche de plus. J’ouvre de façon canonique, par les prémisses, donc par les raisons pour quiconque de ne pas s’en foutre éperdument de tout ce bazar. Dans un rapport sur le secteur d’énergie, publié par IRENA (International Renewable Energy Agency), deux observations me donnent un peu de démangeaison (économique). D’une part, le coût de génération d’énergies renouvelables, le soi-disant LCOE (Levellized Cost of Electricity), a chuté abruptement ces dernières années. D’autre part, l’investissement en des nouvelles capacités de génération en renouvelables a chuté aussi. Les énergies renouvelables ont la particularité de ne coûter rien en tant que telles ; ce qui coûte du pognon c’est la mise en place et la maintenance des technologies. Voyez « Ce que le prof en moi veut dire sur LCOE » pour en savoir plus. De tout en tout, les technologies d’énergies renouvelables ont l’air d’entrer dans la phase de banalisation. La technologie coûte de moins en moins, elle perd de valeur de plus en plus vite, et son produit final est de plus en plus bon marché aussi. D’autre part, les marchés bien structurés d’énergie ont une tendance à développer deux zones de prix : ceux relativement bas pour les gros consommateurs institutionnels et ceux plus élevés pour les petits consommateurs individuels (ainsi que petits institutionnels). Vous pouvez consulter « Deux cerveaux, légèrement différents l’un de l’autre »  pour en savoir plus.

Il y a un autre truc, qui commence à se dessiner dans ma recherche récente. Le développement quantitatif du secteur d’énergie en général semble prendre lieu plutôt en des chocs abrupts de court terme qu’en des tendances longues. A ce sujet précis, j’ai pondu récemment un article et j’essaie de convaincre quelqu’un que ça a du sens. Ce brouillon est intitulé « Apprehending Energy Efficiency ».

Je continue canonique, toujours. L’objectif de ma recherche est de mettre au point un mécanisme de financement des petites installations locales d’énergies renouvelables, qui utiliserait précisément ces deux phénomènes : la disparité des prix, qui se manifeste à mesure que le marché se développe et se structure, et la prédisposition de l’industrie à réagir aux chocs plutôt qu’à des stimuli gentils et patients. Mon hypothèse de travail est que la disparité observable dans les prix d’énergie peut être utilisée pour créer des chocs financiers contrôlés et locaux, qui à leur tour peuvent stimuler le développement desdites petites installations locales.

La méthode générale pour l’exploration et la vérification de cette hypothèse consiste à tester, sous plusieurs angles différents, un schéma financier qui exploite, précisément, la disparité des prix. Un fournisseur local d’énergie vend une certaine quantité Q d’énergie à des consommateurs tout aussi locaux à un prix relativement élevé, le PA, typique pour le marché des petits consommateurs, mais il la vend en paquets complexes, qui contiennent de l’énergie strictement dite, au prix PB, relativement bon marché, normalement réservé aux gros consommateurs industriels, plus des titres participatifs dans le capital du fournisseur. Ces titres participatifs représentent un ensemble des droits aux actifs du fournisseur et la valeur comptable de ces droits est K. La valeur-marché de l’énergie vendue est de Q*PB = E. La marge agrégée Q*(PA – PB), crée par la vente de la quantité Q d’énergie, est donc équivalente à du capital K investi dans le bilan du fournisseur d’énergie. Logiquement, la valeur-marché que l’énergie Q aurait aux prix petit consommateur PA est égale à la somme du capital K et de la valeur-marché E. Dans les équations ci-dessous je donne l’idée générale.

 

Q*(PA – PB) = K

Q*PB = E

Q*PA = K + E

PA > PB

PB  ≥  LCOE

Mon idée suivante est d’explorer les conditions de faisabilité de ce schéma financier, ainsi que de l’optimiser. La structure générale du coût de production d’énergie, donc du LCOE, dit que la quantité d’énergie produite est une fonction du capital investi dans les capacités de production. Le capital K dans mes équations demeure dans une certaine proportion au capital I investi dans les actifs productifs. Par conséquent, K a une influence fonctionnelle sur Q et c’est ainsi que la fonction f1, telle que f1(K) = Q, entre dans le jeu. La même structure logique du LCOE suggère que les prix d’énergie sont des manifestations de la façon dont le capital K est utilisé, puisqu’ils dépendent du coefficient K/Q et en même temps ils dépendent de la structure compétitive du marché ainsi que de sa structure institutionnelle. Seulement ça, ce serait trop simple. La logique Keynésienne suggère que ça marche aussi dans le sens inverse : le capital I investi dans la capacité de production, ainsi que sa fraction K collectée à travers le schéma financier que je viens d’esquisser dépendent toutes les deux des prix et des quantités produites d’énergie.

J’ai donc là un joli petit nœud logique : des variables qui dépendent mutuellement l’une de l’autre. Voilà aussi une belle occasion de faire un pas de plus hors de ma caverne d’économiste classique Smithonien et se tourner vers l’intelligence artificielle et les réseaux neuronaux. J’assume donc que le secteur d’énergie est une structure intelligente qui est capable de s’adapter aux impératifs de la civilisation humaine – survivre et avoir accès à Netflix – et cette adaptation peut se faire à travers deux chemins qu’emprunte toute intelligence digne de ce nom : expérimentation et abstraction.

J’imagine donc une structure intelligente plus ou moins conforme à ces équations là-dessus. Ce que je veux c’est une fourniture abondante d’énergie renouvelable. « Abondante » est un aspect de la chose, « renouvelable » en et une autre. En ce qui concerne l’abondance d’énergie, la consommation finale annuelle par tête d’habitant, fréquemment mesurée en kilogrammes (ou bien en tonnes) d’équivalent pétrole, semble être une mesure à forte assise empirique. Je structure cette abondance relative en deux types : renouvelable et non-renouvelable. Ici, je répète une remarque à propos de cette classification, une remarque que j’avais déjà faite dans « Les 2326 kWh de civilisation » : formellement, lorsqu’on brûle des bio-fuels, comme de la paille ou de la sciure de bois, c’est du renouvelable dans le sens que ce n’est ni du fossile ni de la fission nucléaire. Encore, faut venir là où j’habite, moi, pour comprendre que ce type précis de renouvelable n’est pas précisément soutenable à la longue. Vous voulez littéralement voir ce que vous respirez, sans être capable de voir grand-chose d’autre ? Eh bien, venez à Krakow, Pologne, en saison de chauffage. Vous verrez par vous-mêmes ce que veut dire l’usage abondant des bio-fuels.

En tout cas, ma structure intelligente distingue deux sous-catégories de Q (je sais, le jeu de mots, avançons SVP) : QR/N pour la consommation d’énergie renouvelable par tête d’habitant et QNR/N pour les non-renouvelables par la même tête d’habitant. Enfin, pas tout à fait la même, puisque la tête d’habitant qui roule sa vie sur les renouvelables démontre, très probablement, des schémas de comportement différents de celle qui s’en tient encore aux fossiles lorsqu’il s’agit d’alimenter le frigo. Je veux QR/N et mettre le QNR/N gentiment en veilleuse, juste en cas où une autre glaciation serait à venir et il y aurait besoin de chauffer la planète, juste un tantinet.

En tout cas, j’ai deux variables de résultat : [QR/N] et [QNR/N]. Ma structure intelligente peut suivre quatre sentiers alternatifs de changement. Le plus désirable des quatre est celui où [QR/N] croît et [QNR/N] décroit, en corrélation négative. Par ordre de désirabilité, le second sentier est celui de Les trois autres sont les suivants : i) [QR/N] décroit et [QNR/N] croît en corrélation négative ii) [QR/N] et [QNR/N] décroissent tous les deux et enfin le cas iii) où [QR/N] et [QNR/N] croissent en concours.

Mes variables d’entrée sont tout d’abord les prix d’énergie PA et PB, possiblement sous-catégorisés en des prix d’énergie renouvelable et non-renouvelable. L’un des trucs que je voudrais voir joliment simulé par un réseau neuronal est précisément ce « possiblement sous-catégorisés ». Quel sentier d’essai et erreur conduit à la convergence entre les prix de renouvelables et celui des fossiles ? Quel autre sentier peut conduire vers la divergence ? Quelles fourchettes de convergence ou divergence peuvent apparaître le long de ces sentiers ? Quelle relation avec le LCOE ? Voilà des choses intéressantes à explorer.

Deux autres variables d’entrée sont celles pertinentes au capital : le capital I investi dans la capacité productrice et son sous-ensemble K, collecté à travers le schéma financier que j’ai présenté quelques paragraphes plus tôt.

Somme toute, voilà que j’atterris avec deux tenseurs : celui de résultat TS et celui d’entrée TE. Le tenseur d’entrée se décompose comme TE = [(LCOER), [(LCOENR), (KR), (KNR), (IR), (INR), (PA;R), (PA;NR), (PB;R), (PB;NR)] et celui de résultat c’est TS = [(QR/N), (QNR/N)]. L’action niveau TE produit un résultat niveau TS. Un réseau neuronal peut connecter les deux tenseurs à travers deux sortes de fonction : expérimentation et abstraction.

L’expérimentation, ça peut prendre lieu à travers un perceptron à couches multiples. Je reprends le même, simple algorithme que j’avais déjà mentionné dans « Ce petit train-train des petits signaux locaux d’inquiétude ». Je prends donc mes deux tenseurs je crée un premier ensemble de valeurs empiriques, une valeur par variable. Je les standardise dans l’intervalle entre 0 et 1. Cela veut dire que le prix (PB;R), par exemple, est exprimé comme le pourcentage du prix maximal observé dans le marché. Si j’écris PB;R = 0,16, c’est un prix local qui est égal à 16% du prix maximal jamais observé dans ce marché précis. D’autres variables sont standardisées de la même façon.

Maintenant, je fais une chose peu usuelle – pour autant que je sache – dans l’application des réseaux neuronaux. La pratique normale est de donner à notre algorithme un ensemble de données aussi large que possible dans la phase d’apprentissage – pour découvrir des intervalles les plus plausibles pour chaque variable – et ensuite optimiser le modèle sur la base de cet apprentissage. Moi, je veux observer la façon dont le perceptron va apprendre. Je ne veux pas encore optimiser dans le sens strict du terme.

Je prends donc ce premier ensemble des valeurs empiriques standardisées pour mes deux tenseurs. Les voilà, dans Tableau 1, ci-dessous :

 

Tableau 1

Tenseur Variable Valeur initiale standardisée
TE  LCOER         0,26
 LCOENR         0,48
 KR         0,56
 KNR         0,52
 IR         0,46
 INR         0,99
 PA;R         0,71
 PA;NR         0,46
 PB;R         0,20
 PB;NR         0,37
TS  QR/N         0,95
 QNR/N         0,48

 

La situation initiale que je simule est donc celle, où la consommation d’énergie renouvelable par tête d’habitant QR/N est près du maximum empiriquement observable dans le secteur, pendant que la consommation des non-renouvelables QNR/N est à peu près à la moitié (48%) de son max respectif. Les prix avantageux d’énergie, réservés aux grands consommateurs, sont respectivement à PB;R = 20% et PB;NR = 37% de leurs maximums observables. Les prix plus élevés, normalement payés par les petits utilisateurs, y compris les ménages, sont à PA;R = 71% du max pour les renouvelables et PA;NR = 46% pour les non-renouvelables. Les marges initiales PA – PB sont donc respectivement à PA;R – PB;R = 71% – 20% = 51% pour les renouvelables et  PA;NR – PB;NR = 46% – 37% = 9% en ce qui concerne les non-renouvelables.

Voilà donc un marché initial où une demande relativement élevée pour les énergies renouvelables crée une fourchette des prix particulièrement défavorable pour ceux parmi les petits clients qui veulent ne consommer que ce type d’énergie. En même temps, les non-renouvelables sont un peu moins en demande et par conséquent la même fourchette des prix PA – PB est beaucoup plus étroite dans leur cas.

Les quantités de capital collectées à travers des plateformes de financement participatifs, donc mes K, sont à KR = 56% du max pour les fournisseurs d’énergies renouvelables et KNR = 52% dans le marché des non-renouvelables. Maintenant, je reviens à mon modèle, plus particulièrement à l’équation Q*(PA – PB) = K. Avec les quantités et les prix simulés ici et avec l’assomption de population N = constante, KR devrait être à QR*(PA;R – PB;R) = 0,95*(0,71 – 0,2) = 0,4845, pendant que la valeur initiale arbitraire est de 0,56. Les renouvelables sont donc légèrement sur-financées à travers le mécanisme participatif. Pour les non-renouvelables, le même calcul se présente comme KNR = QNR*(PA;NR – PB;NR) = 0,48*(0,46 – 0,37) = 0,0432 donc bieeeen en-dessous du KNR = 52% fixés arbitrairement comme valeur initiale. Si les renouvelables sont légèrement sur-financées, les non-renouvelables nagent carrément dans du pognon déséquilibré.

En ce qui concerne l’investissement I en capacités productives, il est initialement fixé à IR = 0,46 pour les renouvelables et INR = 0,99 pour les non-renouvelables. Les renouvelables sont donc clairement sous-investis, pendant que les fossiles et les fissions nucléaires sont gâtés en termes d’actifs productifs.

Les coûts de production d’énergie, donc les LCOE, sont peut-être les plus durs à exprimer en valeurs standardisées. En effet, lorsqu’on observe la signification économique du LCOE, la façon dont ça bouge semble avoir plus d’importance que la façon do ça se tient en place. Les valeurs initiales que j’ai fixées, donc LCOER = 0,16 et LCOENR = 0,48 sont une tentative de recréer la situation présente dans le secteur de l’énergie, où le LCOE des renouvelables plonge carrément, la tête en avant, pendant que le LCOE des non-renouvelables suit une trajectoire descendante quoique beaucoup plus respectable dans sa descente.

Alors, mon petit perceptron. Il est fait de juste deux neurones, l’un après l’autre. Le premier o l’affaire directement au stimuli du tenseur d’entrée TE = [(LCOER), [(LCOENR), (KR), (KNR), (IR), (INR), (PA;R), (PA;NR), (PB;R), (PB;NR)] et il attribue à chaque variable de ce tenseur un coefficient de pondération. C’est comme ces neurones superficiels connectés à notre appareil sensoriel, qui décident s’il est plus important de s’occuper de cette grosse tâche brune qui grandit très vite (l’ours grizzly qui charge sur moi) ou bien de ce disque lumineux qui tourne progressivement de l’orange vers le jaune (soleil dans le ciel).

Je ne sais pas comme vous, mais moi, je m’occuperais plutôt de l’ours. Il a l’air comme un peu plus pressant, comme stimulation sensorielle. Encore que ce neurone de première couche, il a de la liberté d’expérimenter avec l’importance relative des choses. Il attribue des coefficients aléatoires de pondération à chaque variable du tenseur TE. Il produit un cocktail d’information de la forme : TE(transformé) = [(LCOER)*p1 + (LCOENR)*p2 + (KR)*p3 + (KNR)*p4 + (IR)*p5 +  (INR)*p6 + (PA;R)*p7 + (PA;NR)*p8 + (PB;R)*p9 + (PB;NR)*p10. Les « pi » sont précisément les coefficients de pondération que le premier neurone attribue aux variables d’entrée.

Le second neurone, qui consulte le premier neurone en matière de ce qui se passe, c’est l’intello du lot. Il dispose d’une fonction de transformation neuronale. Elle est basée, en règle générale, sur la fonction exponentielle. Le tenseur TE(transformé) produit par le premier neurone est tout d’abord mis en négatif, donc « – TE(transformé) » et ce négatif est ensuite mis en exposant de la constante e = 2,72 etc. On tourne donc autour de e – TE(transformé) . Ceci fait, l’intello a deux façons usuelles d’en faire un usage cognitif : en sigmoïde ou bien en tangente hyperbolique. Je viens de découvrir que cette distinction a de l’importance, dans ce cas précis. J’y reviendrai plus tard. En tout cas, cette fonction de transformation – sigmoïde ou tangente hyperbolique – sert à produire une valeur hypothétique des variables de résultat, donc du tenseur TS = [(QR/N), (QNR/N)]. Ceci fait, le neurone intello calcule la dérivée locale de ce résultat hypothétique ainsi que la déviation dudit résultat par rapport aux valeurs originales TS = [(QR/N) = 0,95 ; (QNR/N) = 0,48]. La dérivée multipliée par la déviation donne une erreur locale. La somme de ces erreurs locales en ensuite transmise au premier neurone, ce concierge à l’entrée du système, avec la commande « Ajoute ça, s’il te plaît, aux valeurs initiales du TE, puis transforme le une nouvelle fois et donne-moi la nouvelle valeur TE(transformé) ».

Ça se répète, encore et encore. J’ai opté pour 5000 tours de cet encore et j’ai observé le processus d’apprentissage de mes deux neurones. Plus précisément, j’ai observé la valeur de l’erreur cumulative (donc sur les deux variables de résultat) en fonction du temps d’apprentissage. Voilà que la première différence saute aux yeux en ce qui concerne la fonction neuronale appliquée. Je la présente sous forme de deux graphes, ci-dessous. Si le neurone intello de la famille utilise la fonction sigmoïde, le processus d’apprentissage tend à réduire l’erreur expérimentale plutôt vite, pour osciller ensuite dans un intervalle beaucoup plus petit. C’est un schéma du type « un choc suivi par une adaptation progressive ». En revanche, la tangente hyperbolique apprend à travers la création délibérée des chocs impressionnants, entrecoupés par des longues périodes d’accalmie.

 

Voilà donc deux sentiers d’apprentissage très différents et ils produisent des résultats très différents. Tableau 2, ci-dessous, présente les valeurs apprises par les deux versions de mon réseau. Le sigmoïde conseille de pomper la valeur relative de toutes les variables d’entrée, pendant que la tangente hyperbolique est d’avis que la seule variable du TE digne de maximisation est l’investissement en capacité productrice des non-renouvelables pendant que le reste, faut les discipliner. Le plus intriguant c’est les valeurs négatives de LCOER et de PB;R. Pour LCOER = – 0,11 cela veut probablement dire soit une stimulation fiscale forte, soit une situation où les fournisseurs d’énergies renouvelables vendent leurs actifs productifs en masse. Le PB;R = – 0,19 c’est sans doute un appel à la stimulation fiscale des prix d’énergie renouvelable.

Voilà donc que le sigmoïde devient libéral et la tangente hyperbolique tourne en étatiste – interventionniste. Encore un petit test avec l’équation Q*(PA – PB) = K. Les valeurs conseillées par le sigmoïde libéral donnent  QR*(PA;R – PB;R) = 0,95*(0,90 – 0,73) = 0,1615 et QNR*(PA;NR – PB;NR) = 0,48*(0,82 – 0,79) = 0,0144 , contre les K appris indépendamment comme KR = 0,85 et KNR = 0,84. Le sigmoïde libéral veut donc monétiser significativement le secteur d’énergie. Plus de capital liquide veut dire plus de flexibilité et un cycle de vie beaucoup plus court en ce qui concerne les technologies en place.

La tangente hyperbolique interventionniste préconise QR*(PA;R – PB;R) = 0,95*[0,56 – (-0,19)] = 0,7125 et QNR*(PA;NR – PB;NR) = 0,48*(0,19 – 0,06) = 0,0624 contre KR = 0,34 et KNR = 0,28. Définitivement moins de pognon collecté à travers du crowdfunding. De la misère, quoi.

 

Tableau 2

Tenseur Variable Valeur initiale standardisée Valeur apprise par le réseau basé sur la fonction sigmoïde Valeur apprise par le réseau basé la tangente hyperbolique
TE  LCOER         0,26         0,75       (0,11)
 LCOENR         0,48         0,83         0,23
 KR         0,56         0,85         0,34
 KNR         0,52         0,84         0,28
 IR         0,46         0,82         0,19
 INR         0,99         1,00         0,98
 PA;R         0,71         0,90         0,56
 PA;NR         0,46         0,82         0,19
 PB;R         0,20         0,73       (0,19)
 PB;NR         0,37         0,79         0,06
TS  QR/N         0,95    
 QNR/N         0,48    

 

Je continue à vous fournir de la bonne science, presque neuve, juste un peu cabossée dans le processus de conception. Je vous rappelle que vous pouvez télécharger le business plan du projet BeFund (aussi accessible en version anglaise). Vous pouvez aussi télécharger mon livre intitulé “Capitalism and Political Power”. Je veux utiliser le financement participatif pour me donner une assise financière dans cet effort. Vous pouvez soutenir financièrement ma recherche, selon votre meilleur jugement, à travers mon compte PayPal. Vous pouvez aussi vous enregistrer comme mon patron sur mon compte Patreon . Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon travail ?

De la jugeotte artificielle

Mon éditorial sur You Tube

 

J’essaie de trouver des points communs entre ma recherche sur le marché de l’énergie et sur le concept d’entreprise que j’ai baptisé EneFin , d’une part, et le contenu éducatif d’autre part. La session d’examens, celle d’hiver, approche et je veux donner à mes étudiants un peu de contenu utile, tout en restant dans le flot de ma recherche.

Ledit flot de recherche a l’air comme un tout petit peu plus pressant, donc je cède. Je suis en train de faire un petit voyage dans le royaume de l’intelligence artificielle, afin de cueillir la fleur de sagesse qui me permettra de comprendre le phénomène d’intelligence collective chez nous, les êtres humains, ainsi que la déclinaison spécifique de cette intelligence collective dans le domaine de l’énergie. Je prends un petit détour sur ce chemin pour réfléchir, une fois de plus, sur le sujet des villes intelligentes. L’un des phénomènes les plus marqués dans la transition vers les énergies renouvelables est le rôle des villes. Les communautés urbaines deviennent des joueurs actifs dans cette transition énergétique et c’est une activité qui, je pense, est sans précèdent depuis le début du Moyen Age. Les villes font des transitions technologiques plus audacieuses que les grandes sociétés multinationales.

Je veux comprendre ce phénomène. J’approche la gestion, y compris la gestion d’une communauté urbaine, comme une manifestation d’intelligence collective. Pour comprendre le phénomène d’intelligence collective, j’apprends les rudiments d’intelligence artificielle (voir « Ce petit train-train des petits signaux locaux d’inquiétude » par exemple). C’est le sentier de recherche qui se définit comme intelligence artificielle générale. Tu veux comprendre comment marche une bagnole, je veux dire comprendre à fond ? Eh bien, bâtis-en une. Même chose pour la jugeotte : si je veux comprendre comment ça marche, être intelligent, je peux gagner en compréhension en essayant de faire une jugeotte artificielle.

Mon premier pas de compréhension réfère aux soi-disant perceptrons, donc aux réseaux neuronaux qui imitent aussi étroitement que possible le fonctionnement des neurones réels. Un perceptron est une structure logique qui produit un grand nombre d’instances locales d’elle-même et en faisant de la sorte, elle produit des petites erreurs (adaptations imparfaites) locales qui fournissent des informations pour apprentissage futur. Après un grand nombre d’itérations, un perceptron produit un modèle de réalité qui, à son tour, permet de prendre des décisions rationnelles.

Je viens d’utiliser le concept de perceptron pour inventer un mécanisme financier pour stimuler le développement intelligent d’une communauté urbaine. Bon, je sais, il faut que j’explique d’abord le concept de développement intelligent tel que je le comprends. Eh bien, c’est un développement façon perceptron : au lieu de créer et mettre en place une stratégie parfaitement cohérente, le genre qui a l’air bien dans une présentation Power Point, je développe une structure qui permet de mettre en place plusieurs solutions locales dont chacune est une expérimentation en soi. Il y a des trucs, dans le développement urbain, où quoi qu’on fasse, on avance à tâtons. C’est particulièrement vrai pour l’interaction entre une technologie et une population. Il y a ce phénomène désigné comme « déterminisme technologique ». Une technologie nouvelle et une structure sociale sont comme deux nuages : elles s’enveloppent en s’interpénètrent mutuellement. Lorsque nous introduisons une technologie nouvelle comme une infrastructure urbaine, la façon exacte dont ça marche est très dure à prédire et la même façon exacte a une importance capitale pour la viabilité économique de cette infrastructure. Au lieu d’essayer de le prédire nous pouvons expérimenter avec. Un mécanisme de développement intelligent est une structure capable de produire plusieurs petites expérimentations locales, par exemple sous forme d’un grand nombre d’entreprises startups relativement petites qui vont inévitablement commettre des erreurs et apprendre sur la base de ces erreurs.

Au lieu donc de créer une grande société infrastructurelle urbaine, on peut créer un mécanisme financier qui facilite la création des petites entreprises façon startup.  Ça marche pour des technologies aisément subdivisées en des projets locaux, par exemple des réseaux électriques intelligents de basse ou moyenne tension. En revanche, l’idée est hautement discutable pour des technologies qui requièrent beaucoup de coordination sur un territoire étendu, comme des réseaux de transport urbain. Nous pouvons aisément expérimenter avec des systèmes locaux de fourniture d’énergie à partir des turbines à vent ou à l’eau, pendant qu’il serait risqué de créer plusieurs petites startups locales pour un nouveau réseau ferroviaire. Toutefois, risqué ne veut pas dire impossible. C’est précisément là que réside tout le panache de développement intelligent : une expérimentation bien sécurisée côté risque peut apporter des solutions dont nous n’avions même pas soupçonné l’existence.

Alors, la finance. Les conseils municipaux ont fréquemment dans leurs budgets une catégorie de dépenses appelée « développement » ou bien « promotion et communication du développement » etc. Vous comprenez : c’est du pognon qu’on peut dépenser sur des trucs des plus fous, comme des stylos fluorescents avec le logotype de la ville imprimé dessus et encore, ça, c’est du timide et du pondéré en termes de la communication autour du développement.

Mon idée est de prendre comme 50% de ce fonds de développement et les investir dans le capital social d’un fonds strictement dit, que j’appelle provisoirement « le fonds de développement intelligent ». Si je fais un acronyme direct de cette appellation, ça fait FDI, donc le même qui désigne investissements étrangers directs en anglais (Foreign Direct Investment), je vais donc vers un acronyme syllabique : FODIN. Le FODIN est un fonds d’assurance : il garantit le capital social des startups locales en échange des primes d’assurance payées par celles-ci.

Assumons – conformément à ce qu’annonce le rapport intitulé « The 2017 Global Startup Ecosystem Report » – que le capital social initial d’une startup est égal, en moyenne, à €80 000 et que le coefficient de mortalité des startups est d’à peu près 30% sur les deux premières années d’exercice. Dans un ensemble de 100 startups il est donc pratiquement certain que 30 de parmi elles déposeront leurs bilans durant les deux premières années d’activité, ce qui veut dire 30 * €80 000 = €2 400 000 de capital social potentiellement perdu. Si je disperse cette perte agrégée sur l’ensemble entier de 100 startups, ceci fait €24 000 de prime d’assurance faillite qu’une startup paie au FODIN, en échange d’une garantie sur 100% du capital social engagé dans l’affaire.

Voilà donc un FODIN local qui dispose de €5 000 000 et qui engage à peu près 50% de cette somme dans les garanties pour les startups, les autres 50% demeurant libre de toute créance, conditionnelle ou pas. Tout ce capital social est investi en des actifs financiers à bas risque, genre obligations souveraines. Chaque année, ce FODIN paie entre €1 200 000 et €2 400 000 en dommages et intérêts aux actionnaires des startups en faillite (le taux de mortalité de 30% c’est sur deux ans), et reçoit €2 400 000 en primes d’assurance faillite. De tout en tout, notre petit FODIN local peut accumuler du capital à un taux d’à peu près 9% par an. En nombres absolus, 9% * €5 000 000 = €450 000 de plus, chaque année, ce qui veut dire, à son tour, €450 000 / €80 000 = 5 ÷ 6 startups locales de plus, à assurer contre la faillite.

Si nous transformons une dépense budgétaire locale en un fonds financier censé de réduire le risque d’expérimentation avec des business locaux, on peut produire un mécanisme de développement intelligent et ce mécanisme est capable de gérer son propre développement intelligent. ‘ttendez, c’est pas tout. L’autre partie de ce tout est une plateforme de financement participatif type « crowdfunding », où les startups locales, aussi bien que le FODIN, peuvent chercher du capital. Comme je passe en revue des différentes plateformes de crowdfunding, elles ont une faiblesse majeure : les titres participatifs qui y circulent ont peu de liquidité. Dans un réflexe tout à fait naturel, les participants du crowdfunding essaient de contourner les régulations légales en ce qui concerne la traite des valeurs financières, mais il y a un prix à payer pour cette absence d’entrave légale et ce prix est une entrave financière. L’histoire des marchés financiers est très claire sur ce point : si nous voulons un marché financier de prendre vraiment son envol, il faut que les droits et créances financières vendues sur ce marché soient aussi négociables que possible. Lorsqu’une participation type crowdfunding ne se traduit pas en un actif négociable, donc lorsque je ne peux pas la vendre quand je veux, ça bloque énormément.

Moi, je propose donc de liquéfier quelque peu cette plateforme de crowdfunding avec une cryptomonnaie interne. L’entité gérante de la plateforme émet une cryptomonnaie, suivant un algorithme plus ou moins déterministe du type « preuve d’enjeu » (« proof of stake » en anglais), donc sans compétition computationnelle au niveau de l’extraction. Lorsque j’investis via cette plateforme, j’ai le choix entre l’achat direct des titres participatifs d’entreprises où bien l’achat d’unités de cette cryptomonnaie d’abord, et l’échange de ces valeurs virtuelles contres des titres de participation ensuite. La cryptomonnaie en tant que telle est librement négociable à l’intérieur de la plateforme de crowdfunding, y compris des rachats occasionnels par l’entité émettrice elle-même.

On peut pomper cette liquidité même plus si on introduit des soi-disant « fixings » du taux d’échange de la cryptomonnaie interne en des valeurs financières « officielles » : euros, dollars etc. Les fixings apportent de la confiance, et la possibilité de négocier à l’intérieur du système, sans échanger la cryptomonnaie en quoi que ce soit d’autre, offrent la possibilité d’accomplir plusieurs transactions avec relativement peu d’argent « réel ».

Voilà donc comment l’étude des réseaux neuronaux du type perceptron conduit à formuler une nouvelle approche de stratégie de développement socio-économique. Au lieu de formuler un plan d’action traditionnel, nous créons des conditions pour l’expérimentation orientée sur les objectifs stratégiques généraux ainsi que des mécanismes de réduction de risque lié à chaque expérience particulière. Je suis en train de réfléchir sur l’utilisation de cette approche façon « intelligence artificielle » à la gestion du risque en général. Si je produis des petites erreurs locales de façon délibérée et contrôlée, je peux apprendre plus vite et donc m’adapter plus vite aux conditions changeantes de mon environnement, ce qui me permet d’éviter de façon plus adroite des grosses erreurs incontrôlées.

Un ami m’a demandé récemment si je suis partant pour co-écrire un livre sur la gestion des soins médicaux. Mon chapitre à moi serait dévoué à la gestion du risque opérationnel dans le secteur de la santé. Le risque opérationnel en général est le type de risque liée à l’occurrence d’erreurs humaines, actes de malveillance ou bien des défaillances systémiques. Je suis tenté de développer une approche façon perceptron de ce sujet particulier. « Je suis tenté » veut dire que j’hésite. Le risque opérationnel dans les soins médicaux c’est dans une large mesure du risque clinique, donc des situations où la vie et le bien-être des patients sont en jeu. Expérimentation délibérée et contrôlée à ce niveau-là ? Hmouais… Peut-être. C’est du terrain glissant, ça. Intéressant, aussi. Il faut que je rumine ça un peu plus longtemps.

L’apprentissage à travers l’erreur délibérée est l’une des fonctions neuronales essentielles, possibles à simuler avec les réseaux neuronaux artificiels. Il y en a une autre, celle de signification, qui, à son tour, repose sur la généralisation et la distinction. Je vois un truc brun, rugueux, qui comme saillit du sol et ça a comme une coiffure branchée et feuillie sur l’extrémité supérieure. J’en vois d’autres, un peu similaires. Ah, oui, c’est ce qu’on appelle « un arbre ». Lorsqu’il y en a beaucoup dans un endroit, il peut s’avérer utile de les grouper sous la catégorie de « bois » ou « forêt » et en même temps ça peut profiter de les distinguer en saules, peupliers, pins etc. Si vous venez de conclure que le langage est une manifestation de généralisation et distinction, vous avez deviné juste. Chaque mot que nous utilisons en est un exemple.

Voilà qu’un créneau de recherche émerge, à ce sujet précis, un créneau qui renverse beaucoup de théories acquises et qui rend une certaine catégorie de réseaux neuronaux, ceux appelés « apprentissage profond » (« deep learning » en anglais) particulièrement intéressants. Les théories acquises sont celles qui considèrent la signification sémantique comme une fonction strictement supérieure de notre système nerveux. C’est tout dans le lobe frontal, l’aristocrate sophistiqué de notre cervelle, c’est tout culturel, comme imprimé sur la peau de la bête naturelle qui s’est accroupie par-dessous.

Bien sûr, une bonne question s’impose : qu’est-ce que je présente comme de la science la plus récente ? Rien que dans le service Science Direct, sous le mot clé « Economics », l’année 2017 avait apportée 27 551 articles nouveaux, soit plus de 75 articles par jour. En 2018, ça a même accéléré et jusqu’à présent (15 Octobre 2018) 28 820 articles sont parus, donc presque 107 par jour. J’approche le même dépositoire sous un angle différent, avec le mot clé behavioriste à la mode : « social brain ». Ça donne 16 077 articles durant les 9 mois de l’année 2018, plus de 89 par jour. Voilà donc un seul dépositoire scientifique – Science Direct, donc essentiellement que des journaux de la maison d’édition Elsevier – et juste deux mots clés. Bien généraux, ces deux-là, mais juste deux quand même.

Pas question que je lise tout ça en temps réel, il faut que je trie. Je me concentre sur mes petites obsessions : le behaviorisme économique, l’intelligence collective, les systèmes monétaires et l’innovation. J’essaie de cerner les découvertes les plus intéressantes et mon choix subjectif tombe sur deux articles à propos des hiérarchies sociales et de la façon dont nous les percevons : « Know Your Place: Neural Processing of Social Hierarchy in Humans » par Caroline F. Zink et al. et « The Emergence and Representation of Knowledge about Social and Nonsocial Hierarchies » par Dharshan Kumaran et al. .

Je me suis intéressé à ces articles précis puisqu’ils mettent en question, bien qu’indirectement, les assomptions fondamentales de l’économie classique, ainsi qu’une bonne part de la théorie des jeux et il ne faut pas oublier la sociologie. Alors ces assomptions fondamentales disent que les êtres humains forment, tout d’abord, des réseaux de coopération et d’échange, et ce n’est qu’ensuite – et l’ensuite, il est tout à fait substantiel – que des hiérarchies sociales prennent forme. Le père fondateur de ma discipline, Adam Smith , présente une vision de changement social où un marché relativement grand, doté en plus des voies navigables abondamment accessibles, permet la spécialisation (division de travail) et il en résulte développement d’échange économique. Une fois l’échange établi, les villes peuvent se former, qui deviennent un moteur de même plus d’échange et tout ça, ça crée une assiette fiscale qui à son tour permet un souverain d’être un souverain, de se trouver des chevaliers de table – ronde, de préférence – et après, ça va droit vers l’état moderne.

En d’autres mots, l’approche classique des sciences sociales assume que les hiérarchies sociales sont une superstructure bâtie sur la base des réseaux préexistants de coopération et d’échange. Les hiérarchies, dans cette approche, sont donc des créations culturelles, basées sur tout un tas d’idées établies et l’établissement desdites idées se fait largement par le travail de main d’œuvre qualifiée à utiliser des armes.

Ces deux articles que je viens de citer convergent tous vers un point de vue opposé : la perception de la hiérarchie, dans les êtres humains, est quelque chose de primaire et naturel. Bien sûr, les hiérarchies sociales complexes sont de fabrication culturelle, mais leur construction a une base neurologique apparemment plus primaire que les relations d’échange et de coopération.

Je me permettrai de développer un peu sur cette recherche neurologique. Je commence par l’article « Know Your Place: Neural Processing of Social Hierarchy in Humans » par Caroline F. Zink et al. Dans une expérience de laboratoire, les participants jouaient un jeu interactif, où ils devaient exécuter des tâches spécifiques pour une récompense monétaire et ils voyaient leur résultat comparé avec celui d’un autre joueur. Les commentaires des animateurs de l’expérience ainsi que la façon de rapporter les résultats du jeu créaient un environnement fortement compétitif et renforçaient l’impression que lesdits résultats créaient une hiérarchie. Plus élevé est ton score, plus haut tu te trouves dans la hiérarchie : ce genre-là. Cet « autre joueur » était fictif mais au moment même du jeu les participants ne le savaient pas : ils étaient persuadés qu’ils rivalisent avec une personne réelle. La perception qu’ils avaient de leur position hiérarchique basée sur la performance au jeu était donc délibérément programmée par les animateurs.

Deux scénarios du jeu étaient mis en place. Dans le premier, la hiérarchie crée dans les tours successifs du jeu était stable : le feedback que chaque participant recevait à propos de sa performance était cohérent entre les tours successifs. Dans le deuxième, ça changeait. Après l’expérience, les participants répondaient à un questionnaire où ils devaient exprimer, entre autres, leur opinion sur les joueurs qu’ils percevaient respectivement comme supérieurs, égaux ou bien inférieurs à eux-mêmes. L’activité de leur cerveau était observée par le moyen de la résonnance magnétique fonctionnelle.

En général, l’activation neurale du cerveau était la plus importante dans la perception d’un joueur supérieur dans une hiérarchie instable, suivie par une excitation légèrement moindre lorsque les participants se référaient à un joueur perçu comme supérieur dans une hiérarchie stable, et ensuit dans la situation de référence à un joueur inférieur dans la hiérarchie stable. Se référer à un joueur perçu comme inférieur dans une hiérarchie stable ne provoquait apparemment pas d’excitation cérébrale particulière. Le résultat le plus surprenant est cependant la géographie exacte de cette excitation. Bien sûr, le cortex frontal et le préfrontal : c’est là que toute notre culture réside. Le cortex occipital, ça s’excitait aussi, mais là non plus il n’y a pas de surprise : c’est la perception visuelle. Seulement, profondément en-dessous du Monsieur Cortex, il y a un humble laboureur neural appelé « ventrum striatum », responsable, entre autres de la perception olfactive, de la cicatrisation des plaies, des fonctions motrices etc. Chaque fois qu’il faut du jus neural, donc du neurotransmetteur, Monsieur Cortex passe la commande à ventrum striatum. C’est comme une usine à hormones.

Pourquoi c’est tellement important ? Eh bien, imaginez que dans un meeting d’affaires, tous vos muscles se mettent en alerte chaque fois que vous percevez quelqu’un comme gagnant de supériorité hiérarchique sur vous. Ça n’arrive pas ? Eh ben si, justement, ça arrive au niveau neural sans que nous nous en rendions compte. Avant que nous ayons le temps de cogiter consciemment toutes les subtilités culturelles des relations hiérarchiques, une perception très primaire du type « ce mec-là, il est supérieur à moi » survient. Dans cet article par Caroline F. Zink et al. il y a une série des graphes intéressants (page 275). Ils montrent la magnitude d’excitation neurale dans chaque partie du cerveau engagée dans la réaction générale. L’excitation la plus forte survient dans le cortex occipital (perception visuelle) et dans le ventru, striatum (usine à hormones, perception olfactive). L’excitation du cortex frontal et préfrontal est un peu moins prononcée. C’est aussi dans le cortex occipital et dans le ventrum striatum que la différence à observer dans la magnitude d’excitation, entre la perception de supériorité hiérarchique et celle d’infériorité était la plus visible.

Quelle connexion entre tout ce bazar neurophysiologique et les réseaux artificiels d’apprentissage profond ? Ces réseaux-là prennent le mécanisme général du perceptron, que j’avais déjà survolé un peu plus tôt, et y ajoutent la fonction de généralisation et distinction. La formalisation la plus simple de cette fonction est celle de distance Euclidienne. Chaque point de données est représenté avec deux coordonnées, et chaque paire des points se caractérise par une distance calculée façon Pythagore : A -> B = [(xB – xA)2 + (yB – yA)2]0,5. Les points de données sont groupés sur la base de leur distance Euclidienne respective, en des grappes distinctes, et ces grappes sont la base empirique de généralisation et distinction.

La distance Euclidienne peut être remplacée par la fonction Gaussienne mais la vraie sophistication est à trouver dans l’application du noyau mathématique.  En général, chaque collection des données numériques peut être soit représentée directement comme une matrice soit transformée en telle et cette matrice peut être, à son tour, représentée avec un nombre unique, un noyau. Les déterminants des matrices, que certains de parmi nous ont étudié à l’école, sont un exemple des noyaux algébriques.

Je continue à vous fournir de la bonne science, presque neuve, juste un peu cabossée dans le processus de conception. Je vous rappelle que vous pouvez télécharger le business plan du projet BeFund (aussi accessible en version anglaise). Vous pouvez aussi télécharger mon livre intitulé “Capitalism and Political Power”. Je veux utiliser le financement participatif pour me donner une assise financière dans cet effort. Vous pouvez soutenir financièrement ma recherche, selon votre meilleur jugement, à travers mon compte PayPal. Vous pouvez aussi vous enregistrer comme mon patron sur mon compte Patreon . Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon travail ?

Brique par brique

Je suis en train de prendre deux semaines de vacances et je blogue de cas en cas, sans régularité. Même chose pour le travail de recherche sérieux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous ne trouverez pas nécessairement un éditorial en vidéo, comme j’ai l’habitude d’en placer au début de mes mises à jour. Le Wi Fi de l’hôtel a déjà de la peine à télécharger le texte de ma mise à jour et le l’éditorial vidéo ça pourrait bien être trop lui demander.

Je suis en train de contempler, une fois de plus, une complexité des tâches. Bon, d’accord, je baisse un peu de registre. Au lieu de parler de « la complexité des tâches » je peux dire simplement : je fais beaucoup de trucs en parallèle. La recherche, l’enseignement, le blog et les projets d’entreprise : ça commence à se bousculer. Je reviens donc à l’une des choses que je considère comme une compétence essentielle en moi en tant que chercheur et analyste d’affaires : la lecture des rapports financiers. J’ai remarqué, ces derniers temps, que quoi que je fasse, je retourne à cette même séquence de recherche : je trouve des entreprises qui publient leurs comptes financiers, je lis ces comptes et j’identifie des schémas répétitifs dans les nombres qui y figurent, enfin j’interprète ces schémas comme des processus (des séquences d’évènements) qui se répètent.

Quand j’y pense, c’est aussi le type de cheminement que j’enseigne à mes étudiants. Si tu veux comprendre la façon dont marche l’entreprise donnée, étudie leurs comptes, comprends comment se forme le bénéfice d’entreprise, identifie les actifs les plus importants ainsi que leurs sources de financement.

Je vais essayer de suivre cette séquence pour mettre un peu d’ordre dans mon travail intellectuel. Je (re)commence avec le même sujet qui, la dernière fois que j’avais fait une mise à jour en français, m’avait mené dans cette chevauchée théorique à propos de John Nash et John Rawls, donc avec le sujet de la responsabilité sociale d’entreprise, ou RSE, dans le secteur d’assurances. C’est un projet mi science mi business, que je poursuis un peu à côté de mes activités de recherche principales. Toutes les grandes sociétés d’assurances déclarent, bien sûr, d’être socialement responsables. Aucune ne déclare d’être socialement irresponsable. Seulement moi, j’aime bien aller au fond des choses et je veux savoir, de quelle façon exacte les sociétés d’assurances peuvent être socialement responsables (ou bien irresponsables). Je prends donc les rapports annuels ou, comme ça s’appelle dans la profession, les documents de référence pour l’année 2017, de trois sociétés d’assurances : AXA, Vaudoise Assurances, Crédit Agricole Assurances.

Je suis un cheminement d’analyse aussi fondamental que possible, donc j’avance comparaison par comparaison. J’ouvre les trois rapports annuels que je viens de mentionner et je me concentre sur les bilans qui y sont présentés. Pourquoi sur les bilans ? Eh bien, c’est une chose que j’avais remarquée il y a des années : un bilan présenté de façon honnête montre les ressources fondamentales que l’entreprise donnée possède ainsi que les sources de financement de ces ressources. Croyez-moi, ça vous dit des trucs.

Chez Vaudoise Assurances  , le montant total d’actifs, fin 2017, est de 7,94 milliards CHF (francs suisses). Je cherche, à l’intérieur de ce total, des montants comptés en milliards. Il y en a deux : « Obligations et autres titres à revenus fixes », égal à 3,46 milliards de CHF, ainsi que « Placements immobiliers », montant à 1,49 milliards de CHF à la fin 2017. Toutes les autres catégories s’arrêtent en-dessous d’un milliard des CHF. Parmi ces autres catégories de moins d’un milliard des CHF, celles comptées en centaines des millions sont les suivantes, par ordre de valeur : prêts hypothécaires (621,98 millions), prêts à des collectivités (529,4 millions), produits alternatifs (366,4 millions), les placements pour le compte et au risque de souscripteurs d’assurances vie (214,23 millions), ainsi qu’une catégorie générale dénommée « Autres titres à revenus variables » (204,9 millions).

Donc, si je voulais dire en des mots simples quelles sont les ressources principales de Vaudoise Assurances , ce seraient principalement des placements financiers ou immobiliers à bas risque et à un taux de retour relativement assuré, et ce type d’actifs financiers est suivi par des actifs de plus en plus risqués. Maintenant je fais un saut rapide sur l’autre côté du bilan, dans les passifs. La composante principale des passifs est une catégorie nommée « Provisions techniques d’assurances » : elle fait 5,3 milliards des CHF dans le bilan total de 7,94 milliards. Elle est suivie par les capitaux propres de la société (donc par ce qui est la strictement parlée propriété nette des actionnaires), montant à 1,73 milliards des CHF.

Voici qu’une technologie se dessine. Je collecte des capitaux propres, en un montant suffisant pour mettre en place l’organisation capable de vendre et garantir des contrats d’assurance. Les primes d’assurance payées par les assurés s’accumulent et forment un fonds financier, qui, à son tour, est investi en des placements financiers ou quasi-financiers (l’immobilier, par exemple) à un risque raisonnablement bas. Là, il y a une chose importante à se mettre en tête, quand j’y pense : l’industrie d’assurances est très différente au niveau agrégé, donc au niveau de la société d’assurances toute entière, par rapport à ce qu’est un contrat individuel d’assurance. Au niveau du contrat individuel, le client signe et paie la prime et – sauf des cas franchement criminels – compte de ne jamais avoir à utiliser cette assurance pour compenser le sinistre correspondant. Qui plus est, la plupart de nous, les clients des sociétés d’assurances, nous marchons à travers notre vie en signant des assurances multiples et en évitant la majorité des sinistres qui y correspondent.

Cependant, à un niveau agrégé, toute la mathématique d’assurances – la mathématique actuarielle – assume qu’un ensemble des sinistres survient à coup sûr dans la population donnée d’assurés. Autrement dit, ce qui est une éventualité peu probable et évitée autant que possible au niveau d’un contrat individuel devient une certitude au niveau du business agrégé d’assurances et cette certitude à un capital qui y correspond. La technologie d’assurances peut dont être décrite à deux niveaux. Au niveau le plus élémentaire, c’est une technologie financière de gestion du risque. Cependant, le risque agrégé devient un capital à dépenser pour compenser les sinistres et à ce niveau-là, les assurances forment une technologie de financement des sinistres à travers un fonds collectif fait des primes individuelles.

Tout organisme vivant à un système de guérison des blessures. Lorsque les tissus à un endroit précis sont endommagés, un mécanisme de transport et de coagulation locale des protéines s’enclenche pour boucher le trou. Ça marche au niveau des tissus flexibles ainsi qu’au niveau du squelette. Ça marche jusqu’à un certain point : des dommages anatomiques très importants ne peuvent pas être réparés. Un bras arraché reste arraché, ça ne repousse pas. Tout se réduit à la capacité de générer, transporter et agglutiner le matériel de réparation.

Dans des systèmes économiques, le matériel de réparation c’est le capital. Les systèmes économiques ont la capacité de réparer des dégâts locaux à travers un réseau de redistribution de capital. Les assurances en sont une forme. Les gouvernements en forment une autre, avec les systèmes des soins médicaux publics, par exemple. L’avantage comparatif essentiel dans les assurances est similaire à ce qui se passe dans un organisme vivant : il s’agit de la capacité de générer, transporter et agglutiner le matériel de réparation, donc le capital agrégé à partir des primes d’assurances payées par les clients. Il est important de connaître le seuil de cette capacité, donc le volume total des sinistres assurés au-delà duquel la capacité de réparation tend très vite vers zéro.

Voilà ce que j’ai pu déduire du bilan de Vaudoise Assurances . Alors, je prends mon fusil et mon chien de chasse et je traque le compte d’exploitation. Là, encore une fois, je reste fondamentalement microéconomique. Ma recherche s’oriente sur ce que les économistes appellent « valeur ajoutée », donc la différence entre la valeur des biens vendus et la valeur achetée des biens essentiels d’approvisionnement. Point de vue purement comptable, j’identifie la fourchette entre le prix de vente et le prix d’achat des biens d’approvisionnement qui sont indispensables au business donné.

Ce que Vaudoise Assurances  vend, ce sont les contrats d’assurance et leur prix est composé de deux parts : assurances non-vie et les assurances vie. Le compte d’exploitation est divisé en conséquence. J’observe donc les valeurs les plus grandes dans ces deux comptes d’exploitation en parallèle et voilà ce qui en sort. La catégorie la plus substantielle est définitivement le montant des primes acquises à titre d’assurances non-vie – 837,96 millions des CHF – ainsi que la charge totale des sinistres (ce que les assurés reçoivent lorsque la merde arrive comme ils espéraient qu’elle n’arriverait jamais), montant à 607,9 millions CHF. Ceci produit une valeur ajoutée de 837,96 – 607,9 = 230,06 millions CHF, soit une marge brute de valeur ajoutée, en des termes relatifs, de 27,45%.

Je vérifie comment ça tourne côté assurance vie. Les primes acquises montent à 204,2 millions CHF et les prestations d’assurance payées sont de 209,5 millions. Voilà une première surprise : à ce niveau le plus fondamental, les assurances vie marchent à la perte, apparemment. C’est une perte brute de 204,2 – 209,5 = – 5,3 millions CHF.

J’agrège. Le total des primes acquises est de 837,96 + 204,2 = 1042,16 millions, contre un total des sinistres et prestations déboursé égal à 607,9 + 209,5 = 817,4 millions, ce qui donne une valeur ajoutée totale de 837,96 + 204,2 – (607,9 + 209,5) = 224,76 millions, soit 21,57% en termes de marge relative.

Bon, ça, ce sont des nombres de 2017. Je fais un petit saut dans le passé et je télécharge le rapport annuel de Vaudoise Assurances pour 2012. Je veux vérifier à quel point la même structure du business – côté bilan aussi bien que côté compte d’exploitation – se reproduit dans le temps. J’ai bien fait de jeter un coup d’œil, parce que ça ne se reproduit pas tout à fait. La première chose qui saute aux yeux c’est la taille financière de notre belle Vaudoise. En 2017 les actifs montaient à 7,94 milliards CHF et cinq ans plus tôt, en 2012, c’était 11,62 milliards. En cinq ans, le bilan s’était dégonflé de 3,68 milliards, soit 31,67%. C’est beaucoup.

Question : comment ceci a pu arriver ? La réponse saute aux yeux. En 2012, la catégorie la plus substantielle parmi les actifs était celle des placements pour le compte et au risque de souscripteurs d’assurances vie : 4,8 milliards des CHF. Je rappelle qu’en 2017 il en est resté à peine un peu plus de 200 millions. La morale (partielle) de ce conte de fées est la suivante : dans l’assurance, un changement de stratégie peut apporter une modification profonde de la taille économique de l’assureur. Dans ce cas, le changement en question était l’abandon du rôle de courtier de fait au nom des acheteurs d’assurances vie.

Le reste du côté actif du bilan montre à peu près la même structure qu’en 2017, tout comme le côté passif. Plus aucune surprise. Je passe au compte d’exploitation. Primes acquises en assurances non-vie montent à 708,8 millions ; paiement des sinistres non-vie vaut 486 millions CHF ; la marge brute de valeur ajoutée était donc de 708,8 – 486 = 222,8 millions CHF ou 31,43%. En assurance vie, c’était 770,45 millions CHF de primes acquises contre 875 millions des prestations payées, donc une marge négative de -104,55 millions, soit -13,57%. Au total, l’assureur avait donc crée, en 2012, une valeur ajoutée de 708,8 + 770,45 – (486 + 875) = 118,25      millions CHF ou bien 8,0% en termes de proportions.

Je résume partiellement. Durant la période 2012 – 2017, Vaudoise Assurances  avait clairement accrue sa capacité de générer de la valeur ajoutée. En termes de proportions exprimées comme pourcentage de marge brute, cette capacité avait presque triplée. En même temps, la taille financière de la société avait clairement décrue. Ce changement semble avoir une liaison étroite avec une réduction de l’importance relative des assurances vie dans le portefeuille général.

Je généralise. Une société d’assurances peut proposer à ses clients plusieurs types de contrats. La distinction entre l’assurance vie et d’autres types d’assurances est une distinction entre types des contrats. Suivant le type de contrat d’assurances qui prédomine dans le portefeuille général de la société d’assurances, celle-ci a une capacité plus ou moins développée de : a) dégager une marge de valeur ajoutée sur la différence entre les primes acquises et les prestations payées au assurés b) accumuler une somme plus ou moins importante d’actifs.

Les actifs sont les ressources de l’entreprise : c’est un ensemble des droits matériels et immatériels qui rendent possible l’activité de l’entreprise et influencent son efficacité. Je sais par expérience que la proportion entre la valeur totale d’actifs d’une part, et les flux de trésorerie d’autre part sont une caractéristique distinctive d’un modèle d’entreprise. Dans le cas 2017, Vaudoise Assurances  je calcule la proportion entre leur revenu de primes acquises et leurs actifs. J’obtiens 12,8% pour l’exercice de 2012 et 13,1% pour celui de 2017. Ensuite je calcule la proportion analogue entre les prestations payées aux assurés et les actifs et ça fait 11,7% en 2012 contre 10,3% en 2017.

Je commence à avoir une compréhension structurée de ce business. Les assurances c’est la stabilité financière avant tout. Il faut créer une masse importante de capital qui peut à la fois apporter des bénéficies purement financiers à bas risque et garantir les risques assurés par les clients, dans les contrats qu’ils signent avec l’assureur.

Je reviens à la question de départ : la responsabilité sociale d’entreprise, ou RSE, dans le cas des sociétés d’assurances. Le voyage que je viens de faire à l’intérieur de ce business me permet d’identifier les valeurs éthiques (donc les valeurs capables, à leur tour, de donner de la valeur aux actions humaines) clés de ce modèle d’entreprise. Je fais une assomption simple : ces valeurs clés correspondent aux composantes les plus saillantes du modèle d’entreprise. Ce qui détermine la viabilité et l’efficacité du business est en même temps l’objet le plus probable de conflit éthique.

Premièrement, je vois une valeur éthique dans les placements financiers faits par l’assureur. Le niveau de risque est une chose et d’autres considérations entrent en jeu. Par exemple, puisqu’un assureur visiblement aime les obligations émises par les gouvernements, devrait-il faire un jugement de valeur à propos de ces gouvernements en tant que tels ? Les obligations de Venezuela ont-elles la même valeur éthique que celles de la France ou bien celles de la Grèce ?

Le contrat d’assurances lui-même semble être la deuxième composante cruciale de ce qu’on pourrait appeler la technologie d’assurances. Le partage du risque avec le client donné ainsi qu’avec toute la population des clients (ces deux aspects peuvent entrer en conflit mutuel) est l’éthique fondamentale de ce contrat.

Je me rends compte que toute cette investigation élaborée a pu sembler un peu laborieuse. Elle a été laborieuse, en fait. Seulement c’est comme ça que ça se fait, de la bonne science. C’est comme la construction d’un de ces cathédrales magnifiques du Moyen-Âge : quel que soit l’effet final, on y arrive brique par brique.

Je continue à vous fournir de la bonne science, presque neuve, juste un peu cabossée dans le processus de conception. Je vous rappelle que vous pouvez télécharger le business plan du projet BeFund (aussi accessible en version anglaise). Vous pouvez aussi télécharger mon livre intitulé “Capitalism and Political Power”. Je veux utiliser le financement participatif pour me donner une assise financière dans cet effort. Vous pouvez soutenir financièrement ma recherche, selon votre meilleur jugement, à travers mon compte PayPal. Vous pouvez aussi vous enregistrer comme mon patron sur mon compte Patreon . Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon travail ?

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Gymnastique légale niveau contrats

 

Comme c’est souvent le cas, le quotidien se bouscule entre mes plans. Le plan est d’achever aussi vite que possible la rédaction de mon business plan pour le projet EneFin. Le quotidien c’est surtout la fac. Le début de l’été c’est la fin d’une année académique et en même temps le début des préparations pour l’année prochaine et pour moi, ceci veut dire la préparation des nouveaux syllabus. J’ai pris l’habitude d’utiliser ce blog – Discover Social Sciences – comme un medium général pour discuter et décrire tout ce qui se passe dans ma vie de chercheur et d’enseignant. Je documente ici tout ce que je fais dans ce domaine. J’entreprends donc de documenter aussi bien le travail courant sur ce business plan que le travail sur mes syllabus.

En ce qui concerne le business plan pour le projet EneFin, je viens de faire un grand pas conceptuel en avant. Mes deux dernières mises à jour – « Protège-cul, pardon, stratégie de réduction de risque » ainsi que « The art of using all those small financial margins » –  m’ont fait prendre conscience qu’en tant qu’une entreprise FinTech, le projet EneFin c’est surtout du financier. Le Tech, il n’y en a pas vraiment des tonnes dans le FinTech. En termes d’organisation et de concept d’entreprise, le FinTech c’est surtout de la finance. Mon raisonnement ici est très simple. Ce qui détermine la nature d’un business c’est la structure de ses actifs, donc la façon dont le capital fourni sur le côté passif du bilan est alloué en des ressources capables de créer de la valeur ajoutée. Bien que les entreprises FinTech dépensent des quantités significatives de capital sur l’ingénierie informatique, ladite ingénierie ne va pas vraiment loin au-delà de ce que font les banques. C’est de la dépense sur la sécurité des systèmes et des transactions, sur la présentation niveau interface utilisateur, sur l’ergonomie et la fluidité d’interactions etc.

Oui, je sais, il y a Blockchain. Le miracle des registres en chaîne. Seulement voilà, j’ai un fils et le fiston, il est en train de finir sa licence en ingénierie informatique. Lorsque je lui ai parlé du Blockchain, il m’a dit un truc très intéressant : « Ecoute, papa. Du point de vue strictement informatique, toute cette histoire de Blockchain c’est simplement un ensemble des principes pour le développement des langages de programmation. Ces principes, ça bourgeonne, tout comme les langages. Depuis que j’eus commencé mes études en informatique, au moins 15 nouveaux langages de programmation ont fait leur percée dans la profession et l’innovation dans le domaine c’est largement l’invention des nouveaux principes de développement. Je veux dire des principes qui marchent en pratique. De toute façon, LA GRANDE INNOVATION c’est l’intelligence artificielle et ses cousines, comme les systèmes cellulaires. Au fond, le Blockchain est une façon de créer un avantage informatique purement quantitatif : si la société A possède des serveurs plus puissants que la société B, A aura un avantage certain sur B en termes de gestion des registres type Blockchain, puisque ça se réduit à la vitesse et la stabilité de génération des hash codes en série. Point, à la ligne ».

Voilà comment ça se termine, l’éducation qu’on assure aux enfants. Encore que moi, j’avais développé une intuition similaire durant l’année dernière. En des termes légaux et financiers, le concept de Blockchain, qui attribue ses origines à Satoshi Nakamoto , est plus ou moins identique à l’institution légale d’endossement des titres de paiement, connue depuis des siècles. En fait, avant l’établissement définitif, vers la fin du XIXème siècle, de ce que nous appelons aujourd’hui « argent » et qui est un système d’endossement centralisé dans une banque nationale, l’endossement en chaîne, tel que nous le connaissons dans le cadre de la technologie Blockchain, était la façon largement dominante d’assurer la liquidité des systèmes monétaires.

La conclusion pratique que je tire de toute cette réflexion générale est que le business plan pour mon projet EneFin devrait se concentrer sur l’aspect légal et financier. La structure des contrats utilisés dans ce projet a une importance cruciale, puisqu’elle reflète la structure d’interactions avec les partenaires externes d’EneFin : les consommateurs d’énergie, les fournisseurs d’énergie ainsi que ceux des technologies de génération d’énergie, les institutions financières etc.

Je laisse ce business plan à lui seul, pour quelques instants, et je me tourne vers mes syllabus. Chaque fois que je les prépare, donc chaque année, durant les vacances d’été, je me demande qu’est-ce que je peux transmettre à mes étudiants en termes d’enseignement. Bien que je sois prof d’université, j’approche l’enseignement comme un métier au sens strict du terme : j’assume que ce que je peux vraiment enseigner à quelqu’un d’autre est un ensemble de compétences que moi j’ai et ce quelqu’un d’autre n’a pas ou bien n’est pas conscient de les avoir. De mon point de vue, enseigner l’économie ou le management c’est tout comme enseigner la menuiserie ou le bâtiment : ça se réduit à montrer des trucs utiles, s’assurer que les étudiants répètent ces trucs utiles suffisamment des temps pour s’en faire une idée pratique et enfin que les plus ambitieux parmi eux développent de nouvelles compétences sur la base de ces trucs utiles.

Oui, je sais, il y a ce flambeau de la science à transmettre de génération en génération, l’enseignement devrait élargir les horizons et pas seulement transmettre un savoir-faire etc. C’est bien beau et grandiose et en plus, ça sonne terriblement bien dans ces discours que tout recteur d’université prononce durant l’inauguration d’une nouvelle année académique. Seulement voilà, la science peut grandement profiter de se comporter d’une manière scientifique et la science de comportement humain est très claire sur un point : ce que nous appelons « savoir » existe uniquement au niveau collectif. Le savoir en tant que tel existe comme une base de données, codée dans la culture qui nous enveloppe et ce que l’individu peut faire consiste à se connecter à cette base de données. Ce qui nous enveloppe à présent c’est une surabondance d’information. Se connecter à ce bazar veut dire chercher, mais aussi trier et sélectionner. Encore une fois, ça renvoie aux compétences : il y a une différence énorme entre savoir comment faire quelque chose et savoir le faire tout court, sans le « comment », puisque le « comment », faut l’avoir dans le bout des doigts.

Bon, je parle donc des compétences que je peux transmettre et le flambeau, dans ce cas, c’est la charge émotionnelle positive que je peux transmettre avec. Les compétences que je peux transmettre sont celles que j’ai moi-même. Écrire un bon syllabus pour l’année prochaine exige que je passe en revue mes propres compétences. Qu’est-ce que je sais faire, qui soit plus ou moins relié aux sciences sociales que j’enseigne ? Ce qui vient en tête de la liste c’est l’identification rapide des schémas et des structures, ainsi que des irrégularités à la frontière de ces schémas et structures. Vous me montrez un rapport annuel et j’identifie rapidement des régularités dans les nombres, dans les faits ainsi que dans la connerie servie dans le langage officiel du rapport. Vous me laissez observer un groupe des gens et j’identifie leur rituels, leurs stratégies de masquage ainsi que leurs comportements involontaires.

Cet ensemble spécifique des compétences est à la fois ma force et ma faiblesse dans l’enseignement. Dans l’étude des cas, je me sens comme un poisson dans l’eau : je plonge dedans la tête en avant et je nage, et j’éclabousse, et je me détends, et lorsque j’en finis, il me faut quelques instants pour retrouver à nouveau mes repères dans la réalité courante. En revanche, lorsqu’il faut que j’explique la théorie pure, c’est dur, puisque je fais avec la théorie exactement la même chose que je fais avec l’étude des cas : je plonge dedans, j’éclabousse etc. Seulement avec l’enseignement de la théorie, ça marche d’une façon différente : au début, faut l’exposer de façon systématique et là, c’est mon point faible.

Ensuite, ce que je sais faire c’est le travail systématique et persévérant sur une longue période. En fait, c’est la pratique de sport – ainsi que la rédaction de ce blog – qui m’a vraiment appris que je peux décomposer tout accomplissement complexe et difficile en une séquence finie d’actions partielles qui se composent en des étapes, qui, à leur tour, conduisent au but désiré. En fait, tout ce que nous faisons est apprentissage, et l’apprentissage s’accomplit à travers une séquence d’actions répétées dont la plupart se soldent par des petits succès partiels qui disent à notre système nerveux que ce créneau particulier d’action, c’est pas si con que ça, à la longue.

Logiquement donc, il faut que je concentre mon enseignement sur ce que je sais faire bien, et que je travaille sur la compensation de ce que je fais mal. Je suis bon dans l’identification de schémas structurels et dans la structuration de l’effort personnel en des stratégies viables, quoi que pas nécessairement optimales. Je suis faiblard dans l’exposition rigoureuse et systématique due la théorie. Conclusion ? Il faut que je prépare des matériaux théoriques en forme des livres de cours ou des présentations en ligne, pendant que je concentre le syllabus de l’interaction en classe proprement dite sur l’étude des cas empiriques. En plus, si je veux transmettre à mes étudiants l’art de l’effort persévérant, il vaut mieux orienter le système des grades sur l’accomplissement des projets de longue haleine, comme préparation des business plans ou des rapports de recherche.

C’est ainsi que je retourne à ce truc de business plan pour le projet EneFin. Certains parmi vous, mes lecteurs, peuvent se demander pourquoi je mets autant d’énergie dans la préparation des business plans ainsi que dans la documentation, sur ce blog de recherche, de tout le travail mis dedans. Il y a deux raisons. Premièrement, je pense que c’est une sorte de test simple de mes compétences scientifiques. Ce qu’un logiciel performant et utile est pour un ingénieur en informatique, un business plan est pour un économiste : c’est une vérification des connaissances et compétences. Si je suis supposé enseigner, dans un cours de microéconomie, par exemple, ce qu’est l’équilibre temporaire de Marshall, je veux être sûr que je sais utiliser ce modèle dans la vie réelle, comme outil analytique. La même chose pour la théorie de management : si j’enseigne à mes étudiants les principes d’organiser le travail dans un projet, je veux savoir vraiment à fond de quoi ça a l’air, le travail sur un projet.

Deuxièmement, j’aime penser à la science comme quelque chose d’utile, qui peut changer la vie humaine pour le mieux. La façon dont me droit et l’économie, mes deux disciplines-mères, peuvent changer la vie humaine, c’est soit à travers la politique – et la législation qui va avec – soit à travers l’entreprise (à profit ou sociale, peu importe). En attendant donc que je sois Le Conseiller Secret du Premier Ministre, je me concentre sur le niveau de l’entreprise. Peut-être l’un de mes business plans sera mis à l’exécution, un jour, qui sait ?

Je reviens donc au business plan pour le projet EneFin et à ces questions à la limite du droit et de la finance que j’avais déjà signalées dans « The art of using all those small financial margins ». Je commence par le contrat entre le fournisseur d’énergie et EneFin. Le fournisseur d’énergie émet deux contrats hautement standardisés : un contrat à terme pour la fourniture future d’énergie et un titre participatif dans son capital social. Quant à ce dernier, j’assume pour le moment que c’est une ou plusieurs action(s). La structure détaillée de ces deux contrats, je la laisse de côté pour le moment. Je me concentre sur la structure du contrat complexe, qui va lier le fournisseur d’énergie, EneFin et l’acheteur de ce panier composé de l’énergie future et d’actions.

Une remarque méthodologique en passant. Vous avez pu remarquer que je parle de « la structure du contrat ». Pourquoi « structure » et non pas « formulation » ou « contenu » du contrat ? Il y a deux raisons. Premièrement, le contrat que je suis en train de construire doit prendre la forme d’un token digital échangé sur une plateforme transactionnelle tout aussi digitale. Je me fie, dans cet aspect, à la philosophie générale du contrat intelligent Ethereum ainsi qu’à celle de son langage de programmation « Pragma Solidity ». Un contrat digital est une structure, une équation, si vous voulez. Il y a les variables et il y a les relations entre les variables. On retrouve la même approche dans la théorie de la loi civile. Je me souviens de la seconde année d’études en droit, lorsqu’on travaillait sur la distinction entre les composantes essentielles et générales d’un contrat (essentialia negotii en Latin) d’une part, et ses composantes particulières d’autre part (ça, c’était accidentalia negotii). J’avais un problème énorme avec cette distinction. Faut vraiment travailler avec des contrats dans la vie réelle pour comprendre la différence entre la structure générale (essentialia negotii) et le contenu local (accidentalia negotii).

Remarque méthodologique faite, je retourne donc au contrat EneFin. Je déconstruis le processus de transaction depuis sa fin et je vais avancer vers le début. La fin, c’est quand le consommateur individuel d’énergie achète les droits contenus dans le contrat complexe et l’achat se fait, dans l’immédiat, par acquisition du token digital EneFin. Je vois deux options contractuelles, là. D’une part, l’acquisition do token digital peut être exactement équivalente à l’acquisition des droits particuliers, donc : a) le droit d’avoir la fourniture d’énergie au temps, endroit, et prix donnés dans le contrat b) les actions ou les droits de retrait des actions. D’autre part, l’achat du token digital peut donner juste une cause d’action légale qui, à son tour, consistera en le transfert de ces droits particuliers.

Logiquement, ce dont peut disposer EneFin en tant qu’opérateur de ce token digital peuvent être soit ces droits particuliers en tant que tels, soit un droit subsidiaire de réclamer ces droits particuliers proprement dits. Ça, c’est la partie « quoi ? » de cette transaction finale. Maintenant je passe à la partie « comment ? ». Pour transmettre sur l’acheteur les droits particuliers ou bien un droit subsidiaire, il faut en disposer en bonne foi. Je vois trois solutions de base, ici. Un, EneFin peut agir comme agent du fournisseur d’énergie. Toute action légale prise par EneFin sera faite au nom et compte dudit fournisseur. Deux, EneFin peut avoir la position du commis, donc peut revendre ces contrats complexes à son propre nom et au compte du fournisseur d’énergie. Trois, le fournisseur peut transmettre sur EneFin, à travers ce qu’on appelle la cession des droits, tous les droits particuliers contenus dans ces contrats complexes.

Ici, petit rappel : j’étudie ces options contractuelles pour deux raisons. Je veux comprendre, d’une part, le processus essentiel de ce business EneFin, et d’autre part, la façon dont le bilan de cette entreprise va se construire. Si EneFin agit comme agent du fournisseur d’énergie ou bien comme son commis, ça semble ne pas avoir de conséquences pour le bilan. Dans le troisième cas, il y aura une obligation d’EneFin vis à vis le fournisseur d’énergie (une dette). Maintenant, il y a une question de stratégie. EneFin peut tout de suite payer cette dette, donc racheter, dans le sens strict du terme, tous les droits attachés au contrat complexe. Dans ce cas, la vie comptable de cette dette sera plutôt courte et elle a peu de chances de déterminer la taille et la structure du bilan. Il y a une seconde option, un peu tirée par les cheveux, il est vrai, et néanmoins possible : le fournisseur d’énergie peut céder tous les droits particuliers sur EneFin, mais le paiement pour cette cession sera différé, un peu comme dans un contrat de commis. EneFin paierait cette dette à mesure que les consommateurs achètent les contrats complexes. La valeur totale de ces droits particuliers entre donc dans le bilan d’EneFin en bloc, côté passifs, et ensuite elle est réduite progressivement.

Je pense que je peux venir à une conclusion partielle. Le truc emmerdant c’est que c’est la même conclusion que celle formulée dans « The art of using all those small financial margins » : quelle que soit la gymnastique légale niveau contrats avec les fournisseurs, le bilan d’EneFin sera déterminé surtout par la valeur des soldes monétaires maintenues sur les comptes-clients des acheteurs, donc des consommateurs d’énergie. Le contrat entre EneFin et le consommateur est vraiment la clé de tout le business.

Je continue à vous fournir de la bonne science, presque neuve, juste un peu cabossée dans le processus de conception. Je vous rappelle que vous pouvez télécharger le business plan du projet BeFund (aussi accessible en version anglaise). Vous pouvez aussi télécharger mon livre intitulé “Capitalism and Political Power”. Je veux utiliser le financement participatif pour me donner une assise financière dans cet effort. Vous pouvez soutenir financièrement ma recherche, selon votre meilleur jugement, à travers mon compte PayPal. Vous pouvez aussi vous enregistrer comme mon patron sur mon compte Patreon . Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon travail ?

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Les séquences, ça me pousse à poser cette sorte des questions

 

Mon éditorial via You Tube

Dans ma dernière mise à jour en anglais (Traps and loopholes) j’ai finalement commencé à cerner sérieusement le concept ainsi que la fonctionnalité de base du projet EneFin, pour lequel je prépare un business plan et dont la documentation me sert couramment comme force motrice de ce blog scientifique. Après maintes tours et détours j’ai conclu que le modèle d’entreprise que j’avais déjà étudié au sujet de cette société canadienneKatipultqui commercialise une plateforme technologique d’échange sous forme d’un marché de crypto-monnaie à accès limité.

Dans le concept EneFin,les petits consommateurs d’énergie sont censés acheter et vendre des contrats à terme pour les fournitures futures d’électricité et que la crypto-monnaie doit servir à lier ces contrats à terme à l’achat ainsi qu’à la vente des titres de participation dans les bilans des fournisseurs d’énergie, avec une composante additionnelle possible d’autres actifs financiers que ces titres de participation.

Dans Traps and loopholesj’en étais venu à la conclusion que cet échange complexe – contrats à terme plus actifs financiers – marchera mieux si je transforme cette complexité en une séquence plutôt qu’une simultanéité. Encore, il faut se souvenir que les séquences, ça peut se multiplier presque à l’infini et mathématiquement, plus la séquence donnée est bizarre et peu probable, plus elle a de façons alternatives de survenir (à ce sujet-là, vous pouvez jeter un coup d’œil dans Fringe phenomena, which happen just sometimes). J’imagine donc une séquence de basequi me semble être la mieux enracinée dans la logique du concept EneFin : j’achète des titres de participation dans un fournisseur d’énergie et ça me donne la possibilité d’acheter des contrats à terme pour des fournitures futures d’énergie, au prix avantageux normalement réservé aux gros consommateurs institutionnels. En plus de ça, je peux acheter, via EneFin, d’autres actifs financiers.

Les séquences, ça me pousse à poser cette sorte des questions qui parfois énervent les gens, comme « Qu’est-ce qui se passe si je modifie ce pas particulier dans la séquence ? Quelles sont les versions alternatives de ce pas particulier ? ».  Alors, je commence à les poser sérieusement, mes questions et je commence par le début (pas aussi évident et logique que certains pourraient le penser). Je suis un consommateur qui s’enregistre sur la plateforme EneFinet j’achète des tokens de crypto-monnaie, pour €100, qui m’habilitent à acquérir, par la suite, les actions d’un fournisseur d’énergie pour l’équivalent de €100 ou bien ses obligations pour la même somme. Appelons ça « Pas no.1 ». Question no. 1.1 : entre combien des fournisseurs différents – et leurs titres financiers – puis-je choisir ? Initialement, lorsque j’avais formulé ce concept particulier, dans Lean and adaptable, je pensais à un schéma fortement coopératif, où les consommateurs d’énergie nouent des liens capitalistes durables avec un fournisseur local d’énergie renouvelable. Maintenant, lorsque j’y repense, je suis plus flexible dans mon raisonnement. Je vois trois types de ce pas particulier dans ma séquence :

Pas no.1 – Type A, coopératif

Le consommateur d’énergie achète des tokens de crypto-monnaie qui correspondent à des titres d’un seul fournisseur d’énergie.

Pas no.1 – Type B, capitaliste concentré sur le marché d’énergie

Le consommateur choisit entre des tokens différents, dont chacun correspond aux titres d’un autre fournisseur d’énergie

Pas no.1 – Type C, capitaliste qui dépasse le marché d’énergie

Le consommateur choisit entre des tokens correspondant aux titres des différentes sociétés, du secteur d’énergie aussi bien qu’en d’autres secteurs

Oui, je sais, EneFin ça implique de l’énergie, donc type Ca l’air venu d’un autre conte de fées. Ça, d’accord, mais d’un autre point de vue, ça donne du fuel financier à la plateforme d’échange, donc pourquoi pas, après tout ? Je veux dire qu’EneFinpeut être une fonctionnalité particulière dans le cadre d’une plateforme d’échange plus large.

Question no. 1.2 : si, théoriquement, le consommateur peut choisir entre une position en haut du bilan (actions) ou en bas de celui-ci (obligations), peut-il faire ce choix tout à fait librement ? Je pense que la réponse est dans la stratégie du fournisseur concret. Celui-ci peut décider de mettre en échange sur la plateforme EneFinun panier caractéristique des titres et le choix du consommateur peut porter sur cet éventail précis.

Je passe au « Pas no. 2 » : le consommateur qui vient d’acheter des titres financiers, dans le Pas No. 1, passe à l’achat des contrats à terme pour la fourniture future d’énergie. Question 2.1 : est-ce obligatoire ? Chaque acheteur des titres sur la plateforme EneFindoit-il nécessairement des futures d’électricité ? Ne pourrait-il pas s’arrêter au Pas no. 1 et ne pas passer au Pas no. 2 ? Intuitivement, je répondrais « oui, il peut s’arrêter au Pas no. 1 ». Encore une fois, je sais que ça va un peu à l’encontre du concept initial, fortement coopératif. Néanmoins, je sais aussi qu’un bonne fonctionnalité FinTech, ça devrait donner du choix et de la liberté des mouvements.

Question 2.2 : Si dans le Pas no. 1 l’utilisateur avait acheté des titres des du fournisseur A d’énergie, peut-il bénéficier du prix avantageux (des futures d’énergie) chez le fournisseur B ?  Doit-il y avoir une correspondance stricte entre l’identité sociale des fournisseurs choisis par le consommateur dans les pas consécutifs 1 et 2 ou bien puisse-il y avoir un panier plus complexe ? J’imagine qu’encore une fois, la stratégie du fournisseur concret d’énergie est la meilleure réponse. Un fournisseur donné peut choisir de donner les mêmes prix avantageux à tous les utilisateurs de la plateforme EneFin. C’est le cas d’une entreprise qui n’est pas vraiment gloutonne côté bilan, probablement déjà bien bourré avec d’autres instruments de financement, mais elle est avide de faire des ventes de ces kilowatt heures futures à travers les contrats à terme.

Voici un autre fournisseur, qui donne une préférence légèrement prononcée aux acheteurs de ses propres titres participatifs. Disons que ceux-ci bénéficient du meilleur prix possible, celui normalement réservé aux gros consommateurs institutionnels, pendant que les détenteurs des titres participatifs d’autres fournisseurs enregistrés sur EneFin ont accès à un prix mi-figue mi-raisin : plus élevé que le prix « gros institutionnels » et néanmoins en-dessous du prix typique détail pour les ménages. C’est un fournisseur d’énergie qui donne comme des suggestions gentilles, genre « vous pourriez penser, un de ces jours, à vous trouver une niche dans mon bilan, mais no stress, hein ? ».

Voilà enfin un type strict et direct dans ses manières, qui dit honnêtement : « pas de participation dans mon capital, pas de rabais sur énergie, désolé ». En voilà un qui a bien besoin de financement et peut s’offrir de la patience en termes de ventes des kilowatt heures.

Il en faut un peu de tout pour faire un monde et c’est aussi la devise que j’essaie de suivre dans mon raisonnement à propos d’EneFin. Je veux une plateforme d’échange qui puisse accommoder plusieurs stratégies alternatives de la part des fournisseurs d’énergie. Même dans la situation hypothétique où le consommateur aurait suivi le chemin type C dans le pas no. 1 de ma séquence, il peut y avoir des fournisseurs d’énergie qui lui octroient un rabais sur l’énergie à être fournie dans l’avenir, juste l’histoire de faire tourner la roue du marché. C’est tout dans la stratégie adoptée par l’émetteur concret de ces contrats à terme.

Voilà que les questions embarrassantes m’ont conduit à une vision bien élargie et bien assouplie du concept initial EneFin. Ça peut commencer avec une plateforme d’échange généraliste, par exemple avec celle de Katipult. On attire des fournisseurs d’énergie avec leurs titres de participation financière dans leurs bilans et on leur offre la possibilité d’émettre des contrats à terme portant sur la fourniture future de l’énergie pour les consommateurs ménagers. Les fournisseurs d’énergie ont la liberté de vendre ces contrats à terme aux prix de leur choix et on leur suggère l’idée d’offrir des prix avantageux, proches de ceux réservés aux consommateurs institutionnels. On fait du marketing à l’égard des consommateurs ménagers pour qu’ils achètent ces contrats et on leur donne la possibilité de les revendre ensuite.

Dans ce cadre général, des stratégies différentes peuvent émerger. Maintenant, le pas suivant de mon analyse est la structure légale de ces contrats à terme pour la fourniture d’électricité. Il me faut un contrat, qui donne à son détenteur le droit de recevoir une quantité standardisée d’énergie, dans l’avenir, à un prix fixé d’avance aujourd’hui. Encore une fois, j’étudie la situation comme une séquence en un nombre fini des pas, avec des déroulements alternatifs. Question : si j’achète de mon fournisseur d’énergie des contrats à terme portants sur les fournitures d’électricité depuis un moment dans 6 mois jusqu’au moment dans 12 mois, devrait-il être possible de les utiliser pour payer ma facture d’électricité dans les six mois immédiatement à venir ? J’achète donc 1000 kWh à être fournies entre le 1erNovembre 2018 et le 30 Avril 2019 et je dis à mon fournisseur « Comme j’ai ces 1000 kWh futures, à un prix qui semble vous satisfaire (puisque vous me les avez vendues, ces 1000 kWh), pourquoi pas faire un décompte ? Je vous paie les 1000 kWh que je vais utiliser dès maintenant avec ces contrats à terme. Alors, affaire conclue ? ».

Bien sûr, la réponse dans un cas concret dépend entièrement de la stratégie adoptée par le fournisseur, mais ça ouvre une perspective intéressante. Ces contrats à terme échangés à travers EneFinpourraient avoir des prix alternatifs suivant leur capacité de décompte avec des obligations qui se trouvent hors leur horizon temporel strictement dit. Là, je retourne au train de raisonnement que vous avez déjà pu trouver dans « Les marchés possibles à développer à partir d’une facture d’électricité » : ce que les consommateurs ménagers payent comme facture d’énergie est composé de deux parts, une qui correspond à l’énergie consommée strictement dite et l’autre chargée à titre de la maintenance du réseau.

Comme je traduis cette structure des charges en des contrats à terme, je distingue deux perspectives différentes sous l’étiquette générale de « fourniture future d’énergie ». La perspective courte est l’intervalle de temps qui est trop courte pour modifier physiquement l’accès des consommateurs au réseau. Dans cet horizon temporel la connexion au réseau est quelque chose de fixe et donné comme exogène. Ni moi comme consommateur ni mon fournisseur d’énergie ne peut choisir, en fait, de ne pas maintenir le réseau. Moi, je dois rester physiquement connecté et le fournisseur doit maintenir ma connexion en service. Dans cet horizon temporel, un décompte du type décrit là-dessus serait possible juste dans le cadre de cette partie de ma facture courante d’énergie qui correspond au jus pompé dans ces câbles strictement dit. Quoi que je n’eusse acheté comme contrat à terme, le coût de maintenance courante du réseau doit être financé.

En revanche, si nous avançons plus loin dans l’avenir, nous aboutissons à une perspective temporelle qui sera suffisante pour la modification physique du réseau. Le fournisseur pourra liquider physiquement ma connexion et connecter quelqu’un d’autre dans le voisinage. Si j’achète suffisamment des futures sur énergie, à travers EneFin, pour compenser le montant total de ma facture d’électricité sur cette période plus longue, théoriquement moi et mon fournisseur nous pourrons utiliser ces futures pour financer, à travers un décompte, une période de se dire adieu. Je les achète, ensuite je les revends à mon fournisseur et c’est comme si notre contrat se finissait maintenant. Oui, ma connexion va physiquement rester en place mais moi je ne vais pas payer un sous pour sa maintenance durant le temps qui normalement correspondrait à la période de préavis inclue dans le contrat à long terme.

Autre question, et celle-là devient vraiment embarrassante : si, dans un marché local d’énergie, par exemple dans une ville entière, la fonctionnalité EneFinprend vraiment de l’essor et les contrats à terme qui y sont échangés couvrent la valeur totale de ce marché comme deux ans à l’avance, pourrions-nous avoir un marché complètement dépourvu de ces contrats signés pour long-terme, qui à présent sont la base normale des transactions entre les fournisseurs d’énergie et leurs clients ?

Je continue à vous fournir de la bonne science, presque neuve, juste un peu cabossée dans le processus de conception. Je vous rappelle que vous pouvez télécharger le business plan du projet BeFund(aussi accessible en version anglaise). Vous pouvez aussi télécharger mon livre intitulé “Capitalism and Political Power”. Je veux utiliser le financement participatif pour me donner une assise financière dans cet effort. Vous pouvez soutenir financièrement ma recherche, selon votre meilleur jugement, à travers mon compte PayPal. Vous pouvez aussi vous enregistrer comme mon patron sur mon compte Patreon. Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon travail ?

Une plantation des clients qui portent fruit

Mon éditorial

J’enchaine sur ma dernière mise à jour en anglais (consultez : A first approach on the financial side) et je fais une première simulation des revenus du projet EneFin. Je profite de l’occasion pour piocher un peu dans les fondations légales aussi bien que mathématiques du pronostic des ventes dans ce projet. Je sais que dans ma mise à jour précédente en français (Les marchés possibles à développer à partir d’une facture d’électricité) je me suis prononcé pour aller aussi droit au but que possible dans la préparation du business plan pour je projet EneFin, sans trop d’excursions dans la théorie. Toutefois, la pensée, ça a ses droits et ses rythmes. Ma pensée à moi, en ce moment précis, a besoin de comprendre à fond le fonctionnement de mon marché. C’est un exemple de spéculation intellectuelle à propos du comportement de mes clients. Exactement le genre de problème auquel un labo behavioriste, comme celui que je veux créer dans le cadre de mon projet BeFund, pourrait se mesurer.

Tout d’abord, je résume le concept EneFinde base que j’ai forgé jusqu’à maintenant. C’est une plateforme technologique type FinTech, où les fournisseurs d’énergie électrique aussi bien que ses consommateurs peuvent vendre et acheter deux types des contrats standardisés : les garanties de fourniture d’énergie dans l’avenir à un prix fixe, d’une part, et les garanties de paiement d’un montant monétaire fixe en échange de fourniture d’une quantité d’énergie fixe.

Il me vient à l’esprit qu’il serait utile de définir plus exactement le fournisseur d’énergie ainsi que ses clients. Intuitivement, je pense que cette fonctionnalité précise est dédiée surtout aux relations entre les consommateurs individuels d’énergie et leurs fournisseurs immédiats, donc soit des sociétés de distribution soit des opérateurs de relativement petites centrales électriques locales, par exemple des petites fermes à vent ou des turbines hydrauliques locales. Je veux dire que mon intuition me dit que cette fonctionnalité est faite pour le marché de détail marché de détailplus que pour le gros .

Je vais plus loin dans la description des clients. Un fournisseur détail d’énergie est une structure institutionnelle qui a des contrats long terme signés avec un certain nombre des consommateurs. En fait, ce qui m’intéresse dans un fournisseur, ce sont précisément ces contrats. Je les représente comme un ensemble CR = {cr1, cr2, …, crn}de ncontrats long-terme et cet ensemble CR est identique, du moins au départ, avec un autre ensemble, celui CO = {co1, co2, …, com}de mconsommateurs. Je dis « au départ » parce que la participation d’un fournisseurs, avec ses clients, à la plateforme EneFin, est liée à la titrisation des contrats long-terme (à propos de la titrisation en tant que telle, consultez Les marchés possibles à développer à partir d’une facture d’électricité). Avec du temps passé sur la plateforme EneFin, le portefeuille des contrats long terme d’un fournisseur peut devenir distinct (non-identique) par rapport à l’ensemble des clients.

De toute façon, il y a ce fournisseur Fqui apporte avec lui l’ensemble CR = {cr1, cr2, …, crn}de ncontrats long-terme. Chaque contrat long-terme, pris séparément, représente deux séries chronologiques : celle des fournitures mensuelles d’énergie et celle des paiements anticipés de la part du consommateur. Si j’adopte le cycle mensuel, les deux séries représentent deux ensemble ordonnés (deux vecteurs ?) d’un même nombre d’éléments distincts. Je désigne ledit nombre comme « z » et ensuite je peux formellement écrire :

crt<=> (F = {f; f; …, fz}, PM = {pm; pm; … ; pmz})

(CR = {cr1, cr2, …, crn}) <=>(F = {f; f; …, fz*n}, PM = {pm; pm; … ; pmz*n})

Alors voilà que la notation mathématique a joué le rôle qu’elle est censée de jouer : elle m’a aidée à clarifier la situation. Un ensemble CRde ncontrats-client à long terme, avec un horizon temporel typique de zmois, équivaut à z*nfournitures mensuelles promises d’énergie ainsi qu’à z*nmensualités de paiement.

Le marketing d’EneFinexige donc que tout d’abord, un fournisseur d’énergie soit partant. Ensuite, avec son concours, le service EneFincontacte ses clients et leur propose de transformer les mensualités futures « » de fourniture d’énergie, ainsi que les paiements mensuels futurs « pm » en autant de titres échangeables et sujets à l’échange commercial. « Monsieur, Madame. Vous pouvez consentir à transformer les fournitures mensuelles promises d’électricité, de la part de votre fournisseur contractuel, en des titres échangeables. Tout fournisseur tierce partie pourra racheter ces titres de votre fournisseur contractuel présent et devenir ainsi votre fournisseur temporaire pour le mois correspondant au titre racheté. Si vous consentez à un tel schéma légal et financier, vous aurez un rabais de X% sur le prix d’électricité fournie. Vous pouvez aussi consentir à la circulation commerciale des créances futures que votre fournisseur contractuel aura vis à vis de vous, à titre des fournitures futures d’électricité. Ces créances futures deviendront des traites librement échangeables et conditionnelles sur votre consommation effective d’électricité. Si vous consentez à ce schéma légal et financier, vous aurez droit à Y% de rabais sur votre prix d’électricité. Votre consentement joint aux deux schémas proposés entrainera, bien sûr, un rabais combiné de (X+Y)%».

Est-ce que c’est compréhensible, à votre avis ? Je veux dire que, honnêtement, j’ai besoin de savoir si cette explication est intelligible. Si vous avez des remarques à ce propos, placez-les, SVP, comme commentaires sous cette mise à jour. Il y a ce principe très pragmatique dans la préparation d’un business plan : si vous êtes capable d’expliquer les conditions essentielles de votre business d’une façon intelligible, comme si vous présentiez une offre commerciale, vous en êtes probablement arrivé au stade de maturité dans la conceptualisation de votre entreprise ; sinon, faut revoir et réviser votre concept jusqu’une telle explication naisse.

Alors, maintenant, qu’est-ce que je vais dire au fournisseur d’électricité, pour le convaincre ? Voyons voir… « Monsieur, Madame. Vous pouvez soumettre votre portefeuille des contrats-clients à l’échange sur la plateforme EneFin. Sous condition d’obtenir le consentement de la part de vos clients, vous pourrez transformer leur demande contractuelle future en électricité en des titres échangeables et vous pourrez faire la même chose avec vos créances futures, conditionnelles sur la fourniture future d’électricité, vis à vis de ces clients. Vous serez capable de vendre aussi bien les titres de demande-clients que les créances-clients futures. Il y a deux façons essentielles de conduire cette titrisation. La première consiste à commercialiser les fournitures promises futures d’électricité ensemble avec les créances futures qui en résulteront, comme des contrats à terme du type « futures ». La deuxième façon implique une séparation légale entre la demande future promise par vos clients, d’une part, et les créances financières futures à titre de ces fournitures futures promises. Les deux pourront être vendues séparément. Si vous adhérez à ce système d’échange, vous gagnerez en liquidité ».

Encore une fois, j’aimerais bien que quelqu’un me dise est-ce que ça tient débout, cette argumentation ? SVP, si vous avez des remarques à ce propos, écrivez-les comme commentaires sous cette mise à jour. Moi, j’ai déjà une remarque à propos de ce que je viens d’écrire. Le fournisseur d’électricité peut exprimer le doute suivant : « Si je vends à un autre fournisseur les obligations contractuelles de mes contrats-client long terme, préalablement soumises à la titrisation, c’est comme si je cédais mon marché à un concurrent. Ça a l’air idiot ».

Une réponse s’impose. Tout d’abord, oui, cela peut vouloir dire céder le marché entre concurrents et c’est précisément l’une des fonctions financières d’EneFin. Une entreprise qui a des ressources significatives pour bâtir le réseau et acquérir des contrats-client à long terme fait précisément ça : elle fait ce à quoi elle excelle. Ensuite, à travers la plateforme EneFin, elle récupère le capital engagé dans cette opération de création de réseau et cède son exploitation courante à des entreprises dont le point fort est précisément d’exploiter des réseaux existants plutôt qu’investir dans leur développement.

Ça se défend, quoi qu’une autre question ouvre sa grande gueule (elles le font tout le temps, les questions) : dans la vie réelle et mis à part la colonisation de Mars, où est-ce qu’un fournisseur d’énergie peut trouver des marchés comme ça, où le développement du réseau peut être fonctionnellement séparé de l’exploitation courante dudit réseau ? Exemple no. 1 : une région rurale, où l’infrastructure physique est quelque peu décrépite. Faut changer les câbles, les poteaux, faudrait penser à conduire ces câbles sous terre plutôt que sur les poteaux, faut changer les transformateurs etc. En plus, il faut négocier ce changement avec la population locale, point de vue technique et financier. Tout cela fait et accompli, l’entreprise qui vient de le faire et accomplir peut adopter deux stratégies distinctes : exploiter ce territoire façon agriculturale, comme une plantation des clients qui portent fruit, ou bien vendre un marché ainsi préparé et modernisé à un concurrent. Exemple no. 2 : l’environnement d’une ville intelligente, où l’investissement dans l’infrastructure énergétique se fait dans un cycle rapide et où ladite infrastructure doit être flexible et adaptable aux changements technologiques adjacents (consultez Smart cities, or rummaging in the waste heap of culture). Même scénario : l’investissement initial en développement du réseau pourrait être séparé, point de vue business, de l’exploitation courante.

Passons à l’autre chose. Si, à travers la fonctionnalité EneFin dont je suis en train d’esquisser les contours, les fournisseurs d’énergie, avec le consentement de leurs clients, effectivement mettront en échange ces titres basés sur les contrats long terme, deux séquences d’évènements peuvent se déclencher. Premièrement, chaque titre peut être vendu une fois : fournisseur A vend le titre au fournisseur B et celui-ci exploite les obligations attachées. Deuxièmement, il peut y avoir tout une chaîne des transactions en ces titres avant que vienne le terme de leur exploitation. En conséquences, tout comme chez les classiques des sciences économiques, Marx inclus, deux valeurs peuvent s’attacher à ces titres : une valeur d’exploitation et une valeur d’échange. Cette dernière est plus abstraite que la première mais c’est comme ça que les systèmes monétaires étaient nés, il y a longtemps.

Si vous regardez un billet de €50, par exemple, ce billet est une obligation conditionnelle de la part de la Banque Centrale Européenne. Même si personne n’acceptera de vous ce billet comme paiement et même si aucune banque commerciale ne voudra l’échanger contre, par exemple, des dollars américains, la Banque Centrale Européenne s’engage à l’accepter de vous et l’échanger contre… un autre billet de €50, ou bien deux billets de €20 et un billet de €10. Fou ? Peut-être, mais c’est comme ça que les systèmes monétaires fonctionnent et c’est la différence entre un marché financier en général et un système monétaire strictement dit. Dans ce dernier, les titres mis en circulation ont de la valeur d’échange seulement parce que et aussi longtemps qu’ils sont maintenus en circulation grâce à la garantie d’une institution financière.

Question : sous quelles conditions, comment et à quoi bon la plateforme EneFin pourrait-elle devenir un système monétaire ? Faut que j’y pense.

Je continue à vous fournir de la bonne science, presque neuve, juste un peu cabossée dans le processus de conception. Je vous rappelle que vous pouvez télécharger le business plan du projet BeFund(aussi accessible en version anglaise). Je veux utiliser le financement participatif pour me donner une assise financière dans cet effort. Vous pouvez soutenir financièrement ma recherche, selon votre meilleur jugement,à travers mon compte PayPal. Vous pouvez aussi vous enregistrer comme mon patron sur mon compte Patreon. Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon travail ?