« Oui » et je le dis en toute honnêteté

Mon éditorial video

Je prends du recul dans mon projet BeFund. Je prends du recul pour prendre de l’élan, pour ainsi dire. Je suis déjà entré dans les détails de mon business plan et je sens un besoin de remettre mes idées essentielles bien en place. C’est un peu comme si je peignais un tableau à structure compliquée, censé représenter une bataille : de temps en temps j’ai besoin de reculer un peu pour voir si j’avais peint les soldats du côté de bon général.

Alors, ça avait tout commencé à la fin 2017, lorsque je me suis familiarisé (un peu) avec le projet Confluence, localisé à Lyon, France. Il se fait que j’avais passé quelques années à Lyon lorsque j’étais adolescent (oui, c’était avant l’invention de Facebook, non, ce n’était pas avant l’invention de la roue). J’aime y revenir de temps en temps et c’était en y revenant en Septembre 2017 que j’avais pris connaissance, pour la première fois, du projet Confluence. Je suis un scientifique par structure, pour ainsi dire. J’ai dans ma tête ces trois êtres coexistant : le singe curieux, le moine austère et le bouledogue heureux. Tous les trois, ensemble, ils me donnent ce désir insatiable de savoir plus. Si vous placez à portée de ma main un bouton avec écriteau « Touchez pas. Provoque la fin du monde en 30 minutes » je vous jure je le presserais juste pour voir ce qui se passe durant ces 30 minutes.

Alors, lorsque j’avais eu vent, pour la première fois, de ce que des grands projets des villes intelligentes peuvent bien avoir l’air, ça m’avait vraiment accroché. Je me rappelle qu’à l’époque j’avais cette idée en tête, de développer un business dans le cadre d’un grand projet de ville intelligente. Côté sentimental, je formais des visions de cette entreprise aussi bien à Krakow (Pologne), ma ville natale, où je vis toujours, qu’à Lyon (France), où je me sens émotionnellement ancré en quelque sorte. C’est alors que j’avais commencé à faire de la recherche sur les villes intelligentes en général. Je voulais comprendre comment ça marche. J’avais trouvé des données empiriques pour former une hypothèse forte que les grands projets des villes intelligentes corrélaient avec trois phénomènes socio-économiques : a) forte croissance démographique locale, à long terme b) densité de population élevée, même pour la moyenne des grandes villes c) forte croissance locale dans les prix de l’immobilier (consultez My individual square of land, 9 meters on 9 ). J’avais compris, aussi, que puisque les villes intelligentes ça va avec des gros investissements en des technologies ultra-modernes, le développement de ces projets va être lié à un amortissement (vieillissement moral) très rapide des technologies installées et donc à un cycle local super-rapide de changement technologique. Cet amortissement accéléré des technologies locales va sûrement entrainer un besoin accru en capital à haute liquidité (voir Le cousin du beau-frère de mon ami d’école et peut-être aussi Smart cities, or rummaging in the waste heap of culture  ).

Je me demande, à présent, comment avais-je fait la connexion entre toute cette recherche sur les villes intelligentes, d’une part, et ce concept BeFund ou le centre expérimental de recherche comportementale couplé avec un fonds d’investissement. Alors, mon moine austère interne, quel était mon chemin de raisonnement ? Ah, voilà, ça revient : il m’était venu à l’esprit, à l’époque, qu’il y a très peu de science vraiment solide quant à l’interaction entre les êtres humains et des technologies intelligentes fortement concentrées dans un environnement urbain. L’idée qui s’accrochait alors fortement à mes synapses (et qui s’accroche encore, par ailleurs) est que nous sommes habitués à vivre dans un environnement à propos duquel nous inventons des trucs, pendant que les technologies d’une ville intelligentes sont faites pour inventer des trucs à propos de nous. C’est comme ça que j’avais commencé à naviguer vers les méthodes de recherche expérimentale sur le comportement humain. J’avais fait une première approche intellectuelle dans Une boucle de rétroaction qui reviendra relativement pas cher et après, j’avais consacré la plus belle partie du mois de Février à piocher dans les méthodes de recherche behavioriste. Vous pouvez voir mon cheminement à travers : There are many ways of having fun with that experiment ; Couper le cheveu en quatre, puis en tirer une racine cube ; Any given piece of my behaviour (yours too, by the way) ; La tâche d’invention en cas d’urgence ; That thing about experiments: you don’t really know et enfin Parfois j’ai du pot et parfois pas tout à fait.

Je me rappelle que c’est en travaillant sur une mise à jour consécutive, publiée comme « And so I ventured myself into the realm of what people think they can do » que l’idée concrète de mon projet avait commencé à prendre une forme intelligible. Je m’étais rendu compte que ce que je veux organiser c’est un centre expérimental orienté sur la recherche comportementale au sujet des interactions entre les humains et les technologies intelligentes. J’avais alors commencé à étudier les applications purement commerciales d’un tel projet et ce cheminement intellectuel particulier est à trouver dans « Ça semble tenir le coup. Ça promet. » ainsi que dans « When is it the right moment to expose ourselves? ». C’était lorsque je préparais une mise à jour consécutive, intitulée « Loin dans le domaine d’idées originales » que je m’étais rendu compte que ce serait intéressant de coupler un labo de recherche expérimentale avec un fonds d’investissement pour les startups développées sur la base des technologies testées dans ce centre. Depuis, donc durant les deux semaines passées, dans une série des mises à jours plutôt techniques, j’ai commencé à développer les détails du projet auquel j’ai donné le nom « BeFund ».

L’une des idées centrales de BeFund est de démarrer avec un projet de recherche expérimentale propre (c’est-à-dire initié et animé par BeFund). Ce projet aurait une double fonction. D’une part, il servirait à attirer des fonds publics de recherche pour financer l’établissement et la première lancée du labo expérimental. D’autre part, il serait un véhicule de marketing financier pour attirer des startups à financer dans le volet « fonds d’investissement » du BeFund. J’avais longtemps ruminé des idées différentes pour ce projet initial et finalement j’ai décidé de développer mes propres lignes de recherche. Dans mon livre intitulé « Capitalism and political power » j’avais attaché beaucoup d’importance à la densité de population comme facteur fondamental de tout changement socio-économique et c’est la première ligne de recherche – que j’ai déjà signalé dans « Sort of a classical move » –  à initier dans le cadre de BeFund. Comment nos habitudes technologiques changent-elles en fonction de ce que nous expérimentons comme des différents niveaux de densité de population ? La grande inconnue dans cette ligne de recherche et en même temps le défi scientifique le plus important est de découvrir comment diable nous formons notre expérience personnelle de densité de population ?

J’avais aussi beaucoup travaillé sur le sujet d’interaction entre la base énergétique et alimentaire d’une part et le changement socio-économique d’autre part. Ici vous avez deux articles à ce propos : « Technological change as intelligent, energy maximizing adaptation » et « Settlement by energy: can renewable energies sustain our civilisation? ». Dans cette ligne de recherche particulière il y a deux idées différentes : l’une gentille et politiquement correcte, l’autre beaucoup plus primaire et sauvage. La gentille est que les êtres humains adaptent toute leur activité à la base énergétique dont ils disposent dans un lieu et un temps donnés. La recherche expérimentale que je vois à ce propos peut consister à placer une population dans un environnement expérimental contrôlé où les participants devraient adapter leurs habitudes technologiques aux ressources énergétiques accessibles.

La sauvage est liée à une observation que j’avais faite dans ma recherche : il semble que les populations humaines légèrement affamées, avec un déficit alimentaire autour de 70 – 90 kilocalories par personne par jour, sont les plus innovantes. Lorsque le déficit alimentaire disparait, l’innovation reste substantielle mais comme moins vivace. En revanche, l’approfondissement de ce déficit conduit à une baisse profonde dans la capacité d’innover. Maintenant le truc vraiment sauvage dans cette observation est que les populations réelles qui entrent dans la catégorie de déficit 70 – 90 kilocalories par jour par personne sont celles où le déficit en question résulte plutôt d’inégalité dans la distribution des produits alimentaires et pas tellement de la pénurie alimentaire généralisée. L’occurrence de ce déficit alimentaire léger semble donc correspondre à la présence des hiérarchies sociales très pointues et plutôt brutales.

Alors voilà l’idée primaire et brutale pour la recherche behavioriste : créer un environnement expérimental où les participants seraient observés dans leur habitudes technologiques et en même temps ils seraient placés dans une structure sociale et une base alimentaire qui, combinées, peuvent facilement conduire à des inégalités dans la capacité de manger à sa faim. Je vous avais prévenus : c’est vraiment du primaire et du sauvage. J’ai comme une intuition qu’une telle recherche expérimentale, en dépit de tous les points d’interrogation côté éthique, peut apporter des découvertes fondamentales sur le fonctionnement de nos structures sociales et sur le rôle des technologies.

Par comparaison, ma dernière ligne de recherche c’est du vraiment gentil. Je donne à mes cobayes expérimentaux des outils FinTech, comme des logiciels de paiement par téléphone ou similaires, je les irrite côté densité de population, côté énergie et bouffe, je les appâte avec des technologies prototypées à tester et j’observe quelle masse monétaire est mise en circulation dans ces logiciels et en quelle forme exacte. C’est la ligne de recherche que vous pouvez consulter en une forme plus rigoureuse côté science dans mon article « Financial equilibrium in the presence of technological change » ou bien dans « Technological change as a monetary phenomenon ».

Alors, je connecte les points sur mon dessin et je commence à tabasser, gentiment mais fermement, mon concept de BeFund. Est-ce qu’un labo behavioriste couplé avec un fonds d’investissement pour les startups à une raison d’être dans le cadre d’un projet de ville intelligente ? Je pense que oui et je le dis en toute honnêteté. Un centre de recherche de ce type pourrait même devenir le cœur et le moteur de développement dans une ville intelligente. Est-ce que les lignes de recherche que je viens de tracer ont une application pratique dans un tel projet ? Là, je suis plus prudent dans ma réponse, néanmoins je vois de la méthode dans ma folie : ces idées de recherche que j’ai décrites correspondent aux variables fondamentales de tout environnement urbain. La densité de population, l’accès à l’énergie et à la (bonne) nourriture, la formation d’une hiérarchie locale et les systèmes monétaires locaux – tout ça c’est de la vie quotidienne à l’état cru et brut.

Je continue à vous fournir de la bonne science, presque neuve, juste un peu cabossée dans le processus de conception. Je veux utiliser le financement participatif pour me donner une assise financière dans cet effort. Vous pouvez soutenir financièrement ma recherche, selon votre meilleur jugement, à travers mon compte PayPal. Vous pouvez aussi vous enregistrer comme mon patron sur mon compte Patreon . Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon travail ?

Une boucle de rétroaction qui reviendra relativement pas cher

Mon éditorial

Dans ma mise à jour du 31 Janvier (consultez « Smart cities, or rummaging in the waste heap of culture ») j’ai avancé un peu avec ce business plan pour investir dans les villes intelligentes. Voilà que je construis mon business plan autour de quatre hypothèses de travail. Un, une ville intelligente va avoir besoin de plus de masse monétaire pour financer son fonctionnement qu’une ville « ordinaire », afin de pourvoir à l’incertitude découlant d’une dépréciation accélérée des technologies installées sur place. Deux, la construction et la mise à jour de l’infrastructure d’une ville intelligente va s’associer, au moins périodiquement, à une consommation plus élevée d’énergie par tête d’habitant et ceci, encore une fois, dû à la nécessité de remplacement fréquent des technologies à cycle de vie très court. Trois, le développement des villes intelligentes va entraîner une accumulation des populations locales autour de sources d’énergie. Quatre, dû à la présence de plus de masse monétaire par unité de produit réel, les villes intelligentes vont engendrer des structures sociales plus hiérarchisées que les villes « ordinaires », avec une distance croissante entre la base et le sommet de la pyramide sociale.

Deux remarques s’imposent. Premièrement, pourquoi diable formuler des hypothèses pour construire un business plan ? Après tout, c’est du business, pas de la science, et je pourrais bien être en train de confondre les genres. Ma philosophie est simple sur ce point-là : tout business plan digne de ce nom devrait contenir une analyse poussée de l’environnement et l’analyse en question ne peut que gagner en valeur si on formule des hypothèses bien ciblées. En plus, tout investissement qui implique une course technologique rapide implique aussi beaucoup d’incertitude, que je peux réduire en formulant des scénarios alternatifs d’évènements. Les hypothèses, ça tombe bien lorsque je veux des scénarios : le scenario A implique la véracité desdites hypothèses pendant que le scenario B assume qu’elles sont fausses.

Deuxièmement, je me casse la tête comment appeler des structures urbaines qui ne sont pas des villes intelligentes. Par pure opposition, je pourrais me référer à des villes « bêtes », encore que ça pourrait sonner bête en soi-même. Pour le moment j’utilise donc le terme de ville « ordinaire » mais je serais reconnaissant pour toute suggestion linguistique à ce sujet.

Bon, j’en viens à l’essentiel de cette mise à jour : comment pouvons-nous expérimenter avec les technologies qui font l’ossature d’une ville intelligente ? C’est une question pratique. Si je veux convaincre une entreprise d’investir dans un projet de ville intelligente, c’est un investissement en technologie, qui, à son tour, se caractérise par un certain cycle de vie. C’est une composante tout à fait élémentaire de stratégie pour quiconque s’engage dans un projet à haute cadence d’innovation : si aujourd’hui j’investis 5 millions d’euros dans une technologie de transport urbain intelligent, quand est-ce que viendra le moment de la remplacer et comment dois-je diriger ma recherche pour être prêt à temps avec la nouvelle version ? Si je veux convaincre quelqu’un d’investir dans un tel projet, un sentier d’expérimentation pour développer ces technologies serait certainement attractif.

Une expérience scientifique est un modèle réduit de réalité où je teste des hypothèses que je ne peux pas tester autrement. D’habitude ce sont des hypothèses quant au déroulement exact d’une séquence d’évènements. Ces hypothèses-là sont comme des zooms sur des fragments d’hypothèses générales d’un projet de recherche. Ce que j’essaie de faire, en ce moment précis, consiste à traduire mes hypothèses générales en des lignes d’expérimentation et, en parallèle – à trouver une application pratique de ces expériences pour le développement des technologies de ville intelligente. Ma première hypothèse générale dit que le développement d’une ville intelligente va créer une demande accrue de masse monétaire. J’ai deux associations d’idées, immédiates et pratiques. D’abord, le FinTech : cette hypothèse générale se traduit, au niveau business, comme l’assertion que les projets FinTech vont se développer plus rapidement dans le cadre des villes intelligentes qu’ailleurs. Ensuite, le bilan : la seconde traduction pratique suppose que les entreprises engagées dans les projets de ville intelligente auront des actifs significativement plus liquides que les entreprises qui restent en dehors de tels projets, autres facteurs tenus constants.

Si je m’engage dans cette ligne d’expérimentation, il serait bon d’avoir un modèle réduit de transactions financières qui ont lieu dans un environnement de ville intelligente. J’imagine des environnements sociaux différents : un environnement urbain avec beaucoup de technologies digitales connectées au fonctionnement d’infrastructure urbaine, puis un environnement toujours grand-urbain mais nettement mois infus des solutions type « smart city », et à côté de ces deux un environnement typiquement provincial, par exemple celui d’une petite ville. Dans chacun de ces environnements j’observe le développement des micromarchés locaux de Fintech ainsi que les bilans des entreprises actives dans les mêmes marchés locaux. Question : quelle serait la différence entre l’environnement expérimental d’une part et une simple observation de marché d’autre part ? Je veux dire qu’à la rigueur je peux observer la demande pour des services FinTech à travers cet outil appelé « moteur comportemental » – ou « behavioural engine » en anglais – qui observe le comportement d’utilisateurs d’Internet. De même, simple audit comptable périodique peut me donner des informations requises au sujet des bilans. Dans les deux cas, il n’y a pas de besoin impératif de mettre au point une ligne d’expérimentation.

La différence entre une expérience scientifique et la simple observation peut être de double nature. Premièrement, une expérience peut être plus efficace que l’observation dans la mesure où elle fournit des informations plus rapidement et/ou à moindre coût. Une expérience peut donc être un raccourci précieux par rapport à la vie réelle. Deuxièmement, une expérience peut me permettre d’imposer à mon objet expérimental des conditions plus extrêmes que celles de la vie réelle. Côté efficacité, une expérience au sujet de demande pour des services FinTech pourrait se concentrer sur le mécanisme de choix de la part des consommateurs lorsqu’ils sont confrontés à un moment de décision. Une autre idée est le type d’expérience bien connue, par ailleurs, dans le monde des technologies digitales : confronter un groupe d’utilisateurs avec un groupe d’ingénieurs. Les utilisateurs imposent aux ingénieurs un effort constant d’innovation en effectuant des choix en séquence. Chaque choix fait par chacun des utilisateurs est une pièce d’information pour chacun des ingénieurs. Un ingénieur donné réagit au flux d’information par un flux de travail qui résulte en un choix nouveau présenté aux utilisateurs. Leurs choix individuels se somment en un flux nouveau d’information pour les ingénieurs etc.

Disons qu’un groupe de 100 personnes est confronté avec une situation où ils ont une somme de €1000 à allouer parmi des types d’épargne et/ou investissement plus, par exemple, une option d’acheter à l’avance, à un prix attractif, un voyage de vacances ou un paquet des billets de théâtre. Les consommateurs font leur choix – ils allouent leurs €1000 respectifs parmi les options accessibles – et maintenant les ingénieurs ont pour tâche de mettre au point et proposer à chacun des consommateurs une utilité digitale FinTech la mieux adaptée possible aux besoins déduits des choix antérieurs. Chaque ingénieur propose aux consommateurs sa solution originale et chaque consommateur choisit – entre toutes les solutions présentées – celle ou celles qui lui va (vont) le mieux. Ensuite, ou bien en parallèle, nous observons la façon dont les consommateurs utilisent les solutions proposées : le temps passé en face de l’écran, nombre des clicks, séquence d’actions, nombre des pas ratés suivis des pas en arrière etc. Les ingénieurs ont la possibilité d’observer le comportement des consommateurs ou bien reçoivent des rapports là-dessus. Leur tâche consiste alors à optimiser les solutions sélectionnées et de présenter aux consommateurs des prototypes optimisés de seconde génération et ainsi de suite. Bien sûr, au lieu de mettre en compétition des ingénieurs individuels on peut établir des groupes de travail rivaux.

Ce type d’expérience est, pour autant que je sache, pratiqué souvent dans l’industrie informatique. L’idée originale consiste, cette fois, à ajouter un méta niveau d’expérimentation : observer et documenter l’interaction entre les consommateurs et les ingénieurs pour tirer des conclusions sur le processus-même d’innovation. Une expérience comme celle-là serait une version accélérée d’un marché. L’interaction entre les utilisateurs et les ingénieurs, qui dans les conditions d’un marché réel des produits digitaux peut se dérouler sur des années est accélérée et prend, par exemple, des semaines. La différence pratique entre l’environnement expérimental et le monde réel consiste dans l’absence des barrières dans l’échange d’information, habituellement rencontrés dans la pratique du marché. Si je suis un expérimentateur vraiment tenace (vraiment vache ?), je peux simuler ce qui se passe si j’ajoute ces barrières dans le processus. Je peux, par exemple, ajouter un rapporteur intermédiaire entre les consommateurs et les ingénieurs et tester l’impact de sa présence sur le déroulement du processus d’innovation. Ce rapporteur ne doit même pas être un humain : ça peut être un logiciel qui filtre les informations d’une manière biaisée. Avec un peu d’astuce, je peux utiliser cette expérience pour optimiser des structures sociales pour innovation.

Quand j’y pense, cette philosophie d’expérimentation peut être appliquée partout dans l’informatique et pas seulement dans le FinTech. La question essentielle à laquelle répond ce type d’expérimentation est « Combien de temps avons-nous réellement besoin pour mettre au point des solutions nouvelles et comment ce temps peut être modifié par la présence ou l’absence des facteurs de distorsion ? » Zut, je commence à voir plus large. Ça peut faire presque mal, parfois. Je peux utiliser ce cadre d’expérimentation pour toute technologie où, premièrement, il est possible de mettre les utilisateurs et les ingénieurs en boucle de rétroaction, et deuxièmement, où ladite boucle reviendra relativement pas cher.

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Le cousin du beau-frère de mon ami d’école

Mon éditorial

Je retourne au sujet des villes intelligentes, que j’avais déjà commencé à développer dans ma mise à jour du 11 janvier, intitulée « My individual square of land, 9 meters on 9 ». Je me mets, à présent, à rechercher des sources de données que je juge vitales pour le développement des villes intelligentes : densité de population, croissance démographique et prix de l’immobilier. J’ai déjà fait un peu de recherche côté immobilier au sujet de la ville de Lyon – et le projet local baptisé « Confluence » – ainsi que sur Vienne, la capitale d’Autriche, toutes les deux très fortement engagées dans l’investissement en villes intelligentes. J’avais déjà étudié leurs prix locaux de l’immobilier et leurs taux respectifs de croissance démographique. Maintenant, j’ajoute l’information sur la densité de population. Je rappelle que cette variable a été jugée comme vitale par les auteurs du rapport ‘The State of European Cities’ : apparemment, 3000 habitants par km2 est le seuil minimum pour pouvoir envisager des investissements en infrastructure urbaine intelligente. La logique de ce chiffre particulier est simple : c’est le seuil inférieur de densité de population qui détermine le bien-fondé d’investissements en l’infrastructure des transports en commun. En tout cas, selon l’INSEE, la densité de population dans la commune urbaine de Lyon est de 10 583,1 habitants par kilomètre carré . J’en passe sur le sort pas très clair de ce un dixième d’habitant par mètre carré. Ça doit être une expérience étrange, lorsqu’on est un habitant, d’avoir besoin d’être constamment étendu sur 10 km2 pour être un habitant complet. La distance de votre chambre à coucher à votre salle des bains peut s’étendre jusque 141,4213562 mètres, contre un maximum de 13,94321098 mètres pour chacun des 10 583 habitants complets avant la virgule décimale. En tout cas, le deuxième arrondissement de Lyon, celui où le projet « Confluence » commence à voir le jour, se caractérise par une densité de population légèrement inférieure : juste 8 926 habitants par km2 .  Par comparaison, Vienne, en Autriche, associée avec la ville de Lyon dans ce projet des villes intelligentes, montre une densité de population de 4 326,1 habitants par kilomètre carré . Munich, la troisième ville de ce partenariat tripartite, recense recense 4 700 habitants par kilomètre carré .

Intéressant : parmi ces trois villes métropolitaines, engagées toutes les trois dans des projets coordonnés d’investissement en villes intelligentes, la ville de Lyon recense la population la plus dense et elle est la seule des trois où le projet de ville intelligente prend la forme de réaménagement d’un quartier entier. Autre truc qui m’intrigue : à Lyon, l’emplacement exact du projet, le deuxième arrondissement, tout en étant très peuplé, a une densité de population légèrement inférieure à la moyenne de la ville entière. Tout comme si cette différence 10583,1 – 8926 = 1657,1 (ou plus 18,6%) d’habitants par kilomètre carré était une sorte de densité résiduelle, possible à atteindre à travers l’investissement en l’infrastructure de ville intelligente.   Bon, je forme deux hypothèses de travail rapides. Premièrement, l’investissement en l’infrastructure des villes intelligentes a du sens à partir d’une densité de population de 3000 habitants par km2, ça prend de l’élan au-dessus de 4000 habitants sur le kilomètre carré, et ça a des fortes chances de prendre la forme de réaménagement des quartiers entiers lorsqu’on se balance dans 8000 habitants, ou plus, sur leur kilomètre carré statistique moyen. Deuxièmement, l’émergence d’infrastructure de ville intelligente peut entraîner une croissance en densité de population, par un peu plus de 1500 personnes par km2 ou à peu près 18%.

Ces deux hypothèses me permettent déjà de commencer à esquisser mon business plan pour investir en des villes dont l’intelligence a des fortes chances de surpasser celle de certains de leurs habitants. Avant que je m’en prenne à modeler le truc façon économie, voilà encore une poignée de données intéressantes sur le sujet : le rapport d’INSEE intitulé « L’accès aux services, une question de densité des territoires » , ainsi que deux rapports signés EUROSTAT, tout d’abord celui intitulé « Urban Europe 2016 » et ensuite « L’Annuaire régional d’Eurostat ». J’espère bien de retourner à discuter le contenu de tous les trois, sur mon blog, en français ou bien en anglais (dépendra du jour) mais à présent, je modèle. Je me dis que du point de vue business, l’investissement en des villes intelligentes veut dire investissement tout court, donc un bilan. Ce bilan, il s’installe dans une ville sous la forme d’une infrastructure : réseau routier, métro, tramway, bâtiment, réseau sanitaire, approvisionnement en énergie etc. Cette infrastructure élémentaire est ce dont nous avons besoin pour pouvoir nous appeler une ville, mais ce n’est pas tout : nous en avons besoin en une certaine densité par kilomètre carré. Oui, mesdames et messieurs, une ville, ça n’a pas seulement plus de personnes par kilomètre carré que la campagne, mais aussi plus de capital investi dans l’infrastructure, sur le même kilomètre carré. Enfin, pas rigoureusement le même kilomètre, ça peut être bien un autre kilomètre, équivalent, quoi.

En tout cas, une ville, c’est un territoire R habité par une population N et pourvu en infrastructure équivalente en valeur à un montant de capital K. Tout habitat humain se caractérise par des coefficients respectifs N/R et K/R. A propos, je n’en sais rien du second, c’est à dire de la valeur comptable d’infrastructure urbaine. Faudra que je me renseigne. Lorsqu’une ville arrête d’être bête et commence à être intelligente, son bilan change de deux façons. D’une part, il y a de l’infrastructure nouvelle. Des fibres optiques en abondance, c’est certain, ainsi que des transmetteurs haut débit de signal Internet. Avec ça, nous pouvons ajouter des sources génératrices locales d’énergies renouvelables : panneaux solaires, petites turbines hydrauliques, des moulins à vent c’est trop gros mais un système de recirculation d’eau chaude en provenance du refroidissement des gros serveurs (marche en Scandinavie, apparemment). Ça, c’est de l’investissement immédiat en l’infrastructure, qui suggère plus de capital dans le bilan immédiat et qui est l’équivalent urbain d’un diplôme humain : ça suggère la possibilité d’une intelligence latente, mais ne la garantit pas. En plus, c’est comme un cerveau. Ça a besoin de tout le reste du corps et en même temps ça peut transformer ce corps. La présence des connexions intelligentes change la façon dont l’infrastructure urbaine lourde fonctionne. Le réseau des transports en commun, le réseau sanitaire, l’approvisionnement en énergie : tout ça, ça s’adapte à mesure que ça a plus de retour d’information. Tous ces millions d’euros investis en conduits, rails, câbles etc., ça va se réallouer dans l’espace.

Voilà une question intéressante : après que tout soit fait et dit, à long terme, quoi, une ville intelligente contient-elle plus ou bien moins de K/R ? Encore une fois, je n’en sais que dalle sur les valeurs réelles de K/R dans des villes typiques – bêtes ou intelligentes, peu importe – et il faudra que je prenne quelques prisonniers de guerre pour me renseigner là-dessus. Néanmoins, je peux formuler des hypothèses. Par instinct économique, je définis trois périodes distinctes de temps : t-1 ou ville bête d’avant, t0 ou ville intelligente comme je l’ai devant mes yeux et enfin t+1 qui correspond à la ville encore plus intelligente que j’espère dans l’avenir. Ensuite, je pose deux hypothèses alternatives. Premièrement, je peux avoir K/R(t-1) < K/R(t0) < K/R(t+1) : la ville intelligente d’avenir aura plus de capital par kilomètre carré que ses versions précédentes. Deuxièmement et alternativement, il se peut que K/R(t-1) < K/R(t0) et K/R(t+1) < K/R(t-1) donc que la ville encore plus intelligente de l’avenir sera moins pourvue en l’infrastructure lourde que la ville bête du passé, comme elle apprendra à utiliser ladite infrastructure lourde de façon plus intelligente.

Bon, ça commence à prendre une forme cohérente, au moins je l’espère. Je peux traduire mes hypothèses en une structure logique avec des conditions préalables et des changements possibles :

  • ville intelligente, condition nécessaire : N/R > 2999 habitants par km; K/R > X1 € par km2
  • ville intelligente, ça devient intéressant : N/R > 3999 habitants par km2; K/R > X2 € par km2
  • ville intelligente, ça devient politique : N/R > 7999 habitants par km2; K/R > X3 € par km2
  • ville intelligente, ça peut apporter du changement 1500 < ∆N/R < 1700 habitants par km2 ou bien 15% < (∆N/R)/[N/R(t0)] < 20% et en plus
    • K/R(t-1) < K/R(t0) < K/R(t+1)

ou bien

  • K/R(t-1) < K/R(t0) et K/R(t+1) < K/R(t-1)

Bon, ça c’est le côté bilan et maintenant je jette un coup d’œil côté compte d’exploitation. Le retour sur l’investissement en infrastructure urbaine peut prendre deux formes, une directe et une autre plus chic. Façon directe et brutale, je peux vendre l’accès à mon infrastructure sur la base platement commerciale, comme accès à Internet. Néanmoins, si le cousin du beau-frère de mon ami d’école est proche des certains milieux, je peux obtenir une subvention publique qui couvrira une part ou le total des revenus dont j’ai besoin pour avoir un retour décent (indécent ?) sur mon investissement. Dans ce second scénario, les habitants me paient de toute façon mais ils le font indirectement, à travers leurs impôts, et ça s’appelle « partager » (avec le cousin du beau-frère de mon ami d’école) au lieu de « vendre et se faire payer » et quand ça sonne bien c’est toujours mieux. Quoi qu’il en soit au sujet du cousin du beau-frère de mon ami d’école, je peux espérer un flux futur FR(t0 ; t+1) de trésorerie. Avec l’investissement dénoté comme ∆K, en équilibre il faut que ∆K = FR(t0 ; t+1) mais soyons raisonnables : le bon business c’est quand ∆K < FR(t0 ; t+1) .

Le flux FR de trésorerie dépend, bien sûr, du nombre N d’habitants et du revenu disponible D/N par tête d’habitant. Enfin, pas seulement la tête. Les talons-aiguille Manolo Blahnik, ça ne se porte pas sur la tête et il y a même des cas où ça se gagne autrement qu’avec la tête. Quoi qu’il en soit, la population N a un revenu disponible agrégé de D = N*D/N et ce qui importe c’est le revenu disponible D/R = {N*(D/N)}/{N/R} par kilomètre carré de ma ville (votre ville aussi) et c’est important parce que mon flux futur FR(t0 ; t+1) de trésorerie par kilomètre carré, soit FR(t0 ; t+1)/R sera une fraction de ce revenu disponible et cette fraction sera une fonction et ça veut dire FR(t0 ; t+1)/R = f(D/R). A ce moment-là, mon sac à probabilités devient vraiment bien pourvu. La transformation d’une ville bête en une ville intelligente peut influencer pratiquement toutes les variables de l’équation. Il peut y avoir plus de N/R dans une ville intelligente que dans la ville bête d’avant, mais c’est juste une hypothèse. Ces gens peuvent gagner plus par tête mais là aussi, c’est une hypothèse. La fonction qui transforme leur revenu disponible en flux de trésorerie dans la direction d’investisseurs en l’infrastructure de la ville intelligente peut changer sous l’impact de cet investissement-même.

Bon, fini de modeler pour aujourd’hui. Maintenant, faut mettre cette pâte modelée au four et la cuire, pour que ça durcisse. Si ça casse dans la cuisson, cela voudra dire qu’il faut modeler à nouveau.

Ceux parmi vous qui ont bien voulu suivre mon activité de blogger sur l’année dernière ont probablement vu que mon objectif est de créer de la science de bonne qualité, neuve ou presque. Sur mon chemin vers la création d’un site éducatif payant je passe par le stade de financement participatif. Voici le lien hypertexte de mon compte sur Patreon . Si vous vous sentez prêt à cofinancer mon projet, vous pouvez vous enregistrer comme mon patron. Si vous en faites ainsi, je vous serai reconnaissant pour m’indiquer deux trucs importants : quel genre de récompense attendez-vous en échange du patronage et quelles étapes souhaitiez-vous voir dans mon projet de création de site éducatif ?